29 novembre 2011

Cougar

Amour, toujours… Elle vécut heureuse, sans aucun enfant…

Un couple, ils mentirent, les conteurs. Elle le piqua à Cendrier, à ses vingt ans il la trouvait déjà trop vieille, ce ne fut pas le cas de tout le monde, piquouse et ouverture de cuisses furent son quotidien. Mais avec elle, la Belle, c’était autre chose. Elle avait tellement dormi qu’elle tenait la nuit entière pour qu’il assouvisse ses envies. Toujours prête, la Jeannette…

Elle se prélassait le jour, était demandeuse la nuit, contrairement à Cendrier qui après trois chiards s’était découvert un goût pour les nuits calmes. La Belle éveillée était heureuse. Pas de môme pour la déformer, pas d’envieuse pour lui piquer son Prince Charmant, que dalle… Pas une ombre au tableau.

Pas une ombre… sauf sous ses yeux. Elle commençait à prendre de l’âge, les fards n’y faisaient plus rien… Et lui aussi, surtout, plus si vaillant que ça, plus si résistant, plus si beau, non plus, et pas vraiment charmant… Et ouais, le prince était passé roi, et avec ça, avait gagné en prestance, en stature. Sa Majesté était moins disponible, l’honorait moins, ne s’en occupait guère…

Ce n’était pas si grave, en fait, elle s’amusait toujours, elle avait encore le sourire, ce sourire ravageur qu’il avait embrassé lorsqu’il l’avait éveillée… Lèvres effleurées, à peine, pour le lier à cet homme dont elle était irrémédiablement tombée amoureuse. Cet imbécile, marié, trois enfants avec miss cendard, était parti à la chasse. Une traversée de mur de ronces et un dragon occis plus tard, il se penchait sur la belle endormie et la déshonora en l’honorant de son intrusion.  Ensuite seulement, comme pour la remercier de ce don d’elle-même involontaire, il avait posé ses lèvres sur les siennes.

Debout la jeunette, réveil humide, sourire de femme comblée aux lèvres, sans trop savoir pourquoi, elle lui avait sauté dessus pour remettre le couvert… Le bel amant était sien désormais, prisonnier de sa moiteur brûlante… Où il n’ensemença jamais rien.

Elle garda la taille fine, toujours ravageuse avant de devenir ravagée. Mais elle était reine désormais, ceux qu’elle voulait, elle les avait. L’avantage du rang… elle les faisait tenir par catégories diverses et venait faire son choix.

Madame se faisait des jeunots.

La belle au bois dormant se réveillait, vivant enfin pleinement sa féminité, belle éveillée, au bois, au lit, au salon ou dans la cour, elle s’éveillait aux sens, vive et vieille, et s’en foutait.

L’honneur avant tout, disait-on, et chaque jour, elle se faisait honorer.

Plusieurs fois…

27 octobre 2011

À l’amour, à la mort.

Mon cœur est une prison que la raison ignore… Je cherche, me cherche et finalement te trouve. Toi, toi qui vis enfermée, dans la maison que je nous imagine, entre quatre murs, dans la rigueur de ma passion. Ton corps est mon réceptacle, victime de mes pulsions. Tu vis, tu survis, subissant mes assauts, sous l’invasion de ton être par ma déraison.

« Ça n’est pas une sinécure », me dis-tu souvent. Je le conçois. Difficile de vivre à mon rythme, selon mon envie, mon désir. Je dis, tu survis, ainsi soit-il, ainsi est-ce. Le choix ? Qu’en ferais-tu ? Tartine oubliée au fond d’un grille-pain, durant des mois, des années. Asséchée pour mieux moisir lorsque le temps s’humidifie… Je t’ai croquée, dévorée, nue, sans autre apparat que la couche noirâtre qui te couvrait, craquante sous mes dents affamées.

Tu voudrais des poèmes, un sonnet, une ode ! Pourquoi pas un haïku tant que tu y es ?

« Déguster ta vie
Mes délices, tes supplices
Douceur à l’envi »

Mes sourires ne te plaisent plus, les tiens me font penser à une vieille courge oubliée après une soirée de fin octobre ratée… Cucurbitacée bridée, tracas lisibles sur un visage ravagé. Peau fripée m’évoquant une choucroute dégarnie. Tu pleures et me supplies. Cesse de tirer sur ces cordes ! La poutre ne lâchera pas, n’aie crainte… Ou plutôt n’espère pas.  N’espère plus.

Tu es mienne, ma chose, mon jouet. N’aspire à rien d’autre qu’à vivre selon mes lois, mes règles. Cœur cousu, lié par mes sentiments déviants, dévastation du corps pour mieux t’amener à accepter. Puisque l’impensable est inévitable, détends-toi et profite. Tu le peux, le sais-tu ? Tu es capable d’aimer cela, il te suffit de l’admettre, il te suffit de m’aimer.

Haïs-moi, fais le bien, réellement, du fond du cœur, si tu le fais bien, tu comprendras, tu sauras enfin que je ne fais cela que pour ton bien. Je pense à toi, chaque instant qui passe, chaque seconde égrenée… Comment t’oublier ? Toujours tes cris résonnent à mon oreille, toujours j’entends ta voix.

Je m’occupe de toi, enfin. Ne disais-tu pas avoir toujours été ignorée ? Avoir rêvé être enfin le centre des songes de quelqu’un. Tu l’es. Je ne pense qu’à toi et aux nouveaux jeux que nous essaierons. Non… Je ne t’oublie pas.

Jamais.

Tu es mienne, tu l’as dit toi-même, tu es mienne et le seras encore, toujours, à jamais.

Sais-tu que la réciproque est vraie ? Je suis tien, ton cauchemar, ton quotidien, ton bourreau, ton âme frère, l’homme auprès de qui tu finiras tes jours.

Bienvenue dans la prison qui enserre mon cœur, bienvenue chez toi, mon cœur.

29 septembre 2011

Immonde e-monde, Leitmotive opus 2

On n'est pas toujours sélectionnés... C'est ce qui m'est arrivée pour ce deuxième opus sur fond de rails que je vais me procurer, au passage... Il vient de sortir !
Je vous laisse tout de même découvrir mon texte !

FATIGUÉS DE LUTTER CONTRE LES FORCES D'INERTIE, NOUS ROULIONS SOUDÉS VERS LA NUIT, SUBISSANT L'ODEUR AIGRE DES CORPS ENTREMÊLÉS. LE BRUIT SOURD ET SACCADÉ DE L'ACIER SUR LES RAILS ÉTOUFFAIT LES SOUPIRS.
Si j’avais été poète et pourvu d’un nécessaire d’écriture, sans doute aurais-je décrit les choses ainsi. Sauf que la poésie n’était pas mon truc et que le moment ne s’y prêtait absolument pas. Nous étions parqués dans des wagons, à bestiaux s’il vous plait. Serrés les uns aux autres, à tenir en nos bras nos biens les plus précieux. – Ce qui, il faut en convenir, laisse peu de place à la création artistique. – Qui un sac, qui de la nourriture, qui… son enfant. Et quand il y en avait deux, on alternait celui qui était porté et celui qu’on posait pour les laisser respirer.
J’en avais trois. Et j’étais seul. Ma femme s’était fait descendre – d’une balle, pas du train – quelques jours auparavant. C’était monnaie courante, paraît-il. Courant ou pas, je l’avais vécu, anéantissement, déchirure de la perte d’un être cher. Cher, la vie humaine ne vaut plus grand-chose, paraît-il. Il parait bien des trucs à notre époque, comme si c’était la dictature de l’apparence. Étrange. Je sais qui je suis. Et je ne parais pas autre chose.
Un loquedu parmi tant d’autres, pouilleux parmi les pouilleux, misérable carcasse de chair sans aucune valeur, si ce n’était celle que je lui accordais. Je savais bien où ma vie allait me mener ; depuis l’avènement du Surêtre, l’être n’était plus rien.  Et je n’étais qu’un être : chair, sang et os. Naturel. Conçu par l’entrejambe. Hérésie de nos jours, d’après les propagandes. Je n’étais qu’un être. Honte sur moi. Comble du comble, je m’étais apparié avec l’une d’entre nous, et nous avions osé faire une descendance. Je n'avais su me retenir, trop belle... Elle accoucha par trois fois. Trois. Un trio d’êtres imparfaits, parfaitement humains, totalement réprouvés par la morale, identitairement inexistants. Juste assez réels pour qu’on paie l’Amende.


Le monde est ce que nous en avons fait. Nous, les humains, avant de nous faire remplacer. Tout est parti d’un bon sentiment. Tout part toujours d’un bon sentiment. Les plus grandes catastrophes, les plus grands malheurs, les plus horribles créations… L'enfer, les bonnes intentions, les pavés, la plage, tout ça... Que cherchait Einstein, déjà ? Des chercheurs trouvèrent le moyen d’augmenter la longévité de l’être. Sans maladie, sans vieillesse, bientôt l’homme pourrait vivre un demi-millénaire ! Le souci de la mémoire sélective du cerveau humain fut vite écarté par l’implémentation directe de quelques téraoctets dans le cortex cérébral.
Une politique de contrôle des naissances fut mise en place. Il était fortement conseillé de faire appel aux services de l’enfance pour décider des caractéristiques du fœtus. Couleur des yeux, sexe, capacités. Tout était paramétré selon les besoin planétaires. Et, bien sûr, il n’était toléré qu’un seul descendant par couple. Procréation interdite pour qui était déjà géniteur. Parallèlement, toutes les personnes de plus de 80 ans étaient appelées à rejoindre les services de vieillissement : de magnifiques centres, selon les brochures. Dans certains milieux, on osait raconter qu'on n'avait jamais pu rendre visite à nos aïeux une fois qu'ils s'étaient installés. La dictature de la démographie sévissait.
Dans les Hautes Castes, les enfants étaient conçus artificiellement, et, en sus de la mémoire, on  les dotait de Processeurs Organico-Artificiels. Les POA assistèrent l'Élite, et, peu à peu, l’absorbèrent. Il était hors de question de mettre ces techniques à la portée de n’importe qui. Trop nombreux, ce serait la mise à mort de la Terre. Longévité, d'accord, mais pour une population choisie. La police démographique était née. Tous devaient passer par là pour procréer, la natalité naturelle, plus que déconseillée, fut interdite. Alors la natalité plurielle...

Seuls les êtres parfaits eurent droit à la Vie, dès lors qu’ils acceptaient que leur descendance devienne des Surêtres : descendants de l'Élite dotés de POA. La perfection allait aussi dans la non-pensée. Quiconque était surpris à trop réfléchir se voyait doté d’un POA bridé. Le souci étant qu’il était difficile de l’assimiler après la naissance. Beaucoup décédèrent, d'autres devinrent des légumes viables. Non pensée, obéissance. La règle était simple, si nous ne savions pas être corrects, il nous faudrait parêtre, ou ne pas être.
L’homme est un loup pour l’homme, de visu, pour un observateur extérieur, la vérité aurait été telle. Il n’en était rien. Les POA avaient pris le contrôle des êtres qui les avaient absorbés. Ils dirigeaient tout. Surtout les corps dont ils occupaient le cerveau. Les chercheurs avaient tellement bien travaillé que les machines s’étaient intégrées à l’homme, il était désormais impossible de supprimer les implants sans tuer les sujets. Ils grandissaient avec leurs porteurs, se nourrissant de l’énergie corporelle. L’homme n’était plus responsable.


Si on grattait un peu la croute Terrestre, sous la couche de toc, on découvrait les bas fonds. Là vivaient des êtres au cerveau libre, sans ajout autre que, pour les plus riches ou les plus érudits, de mémoire. C’était mon cas. Ma mémoire se transmettait de génération en génération. Lors des premiers POA, certains chercheurs – visionnaires, sans doute – avaient décrété qu’il valait mieux doter de mémoire quelques personnes des castes populaires. Envie de points de vues divergents.
L’Histoire ayant toujours été écrite par les gagnants, les dirigeants, et ayant la prodigieuse propension à être modifiée au fur et à mesure de l’évolution des choses, il fut décrété, sous le secret du polichinelle, qu’un de mes ancêtres, parmi d’autres élus, serait doté d’un unique yottaoctet. Le processus coutant fort cher à réaliser, les porteurs se devaient de rester discrets et, de génération en génération, l’on devait récupérer la mémoire moins de vingt-quatre heure après l’arrêt du cerveau porteur, sous peine que le suivant ne devienne fou, la mort n’étant guère un souvenir agréable, le néant pensif suivant non plus.
Nous étions donc chargés d’avoir descendance, puisqu’il fallait un ADN similaire pour des questions de compatibilité. Beaucoup périrent sans héritier génétique. J'étais le dernier. Ma compagne m’en donna trois. C'était ma faute. J'aurais dû me contenter d'un seul, mais ses yeux étaient une invite au grand plongeon, sa poitrine une invite à la débauche et son con, à la luxure. Je n'aurais pu me passer de lui faire l'amour plus de quelques jours. Une femme comme il n'en nait que trop peu, si féline, si douce, si... Son souvenir lui-même m'habitait, irradiant chaleur et douleur en mon bas-ventre. Dans ce train, même, pour ne pas devenir fou, j'ai tenté de rêver à elle.

Lorsque la Police de la Démographie nous mit la main dessus, nous savions qu’ils réclameraient un corps adulte – l’Amende – en échange de la vie des petits. D’un regard, elle me signifia qu’elle irait, que j’avais une mission à mener à bien, que je n’avais pas le choix. Je savais qu’elle avait raison. Je le savais, mais ne voulais pas m’y résigner. Ils ne m’ont pas même laissé le temps de réfléchir, de réagir. Sous mes pupilles écarquillées, ils mirent fin à ses jours. Une balle, une seule. Le son sourd de la détonation se mêla longtemps à celui du train, plus tard. J'ai récupéré l'engin de mort qui venait de me rendre orphelin d'amour. Plus jamais je ne pourrais vivre ce qu'elle m'offrait, elle n'était plus... Ma Parfaite...!

Après que j'eu fini de vider mes tripes au sol, une main sur mon épaule me fit lever les yeux. Hagard, je suivis cette silhouette au regard amical. Pas un mot ne fut échangé, son doigt posé sur mes lèvres suffit à assassiner les questions en ma gorge. Les enfants suivirent tant bien que mal, et, chaque fois que je crus perdre cet inconnu de vue, il s’arrêtait, laissant leurs petites jambes parcourir le chemin qui nous séparait de lui. Je ne savais pourquoi je lui faisais confiance. Sans doute un zeste de lueur présent dans son regard semblant me dire qu’il disait vrai. Il n’avait pourtant pipé mot.
Nous restâmes quelques jours dans les tréfonds d’un vieil égout oublié. L'homme avait raison, je le savais, la Police de la démographie ne faisait jamais les choses à moitié, lorsque l’on payait l’Amende, ils nous traquaient, prenant plaisir à récupérer les enfants surnuméraires pour les doter d’un POA bridé. Le cerveau d'un jeune étant moins sujet au rejet. Un matin, ou plutôt, à un réveil, notre guide, fébrile, nous mena vers une gare. L’endroit était atrocement glauque, les trains semblaient sortir tout droit d’un passé oublié, bien pire que les bas fonds. Une odeur de vieille urine et de sueur rance tapissait l’air, emplissant nos poumons d'une bouillie infâme. Nous entrâmes.
Le wagon à bestiaux était bondé, le muet nous poussa, moi et les enfants, et rit, légèrement, comme soulagé d’un fardeau, nous. La porte coulissa dans mon dos et je sentis la vibration de la lourde barre qui s’abaissait pour la bloquer. Un instant, très court, je crus m’être trompé, qu’on allait au plus profond des terres sauvages, là où, disait-on, il était possible de vivre à l’ancienne, de cultiver de quoi se nourrir, où l’eau n’était pas rare, où l’on vivait. Vivre. Réellement, avec mes enfants, d’autres gens, sans la peur, la terrible peur qui vous étreignait dès le réveil, ne vous quittant pas même lors de votre sommeil.
Les quelques rares ouvertures me permirent d’apercevoir le reflet de nombreuses paires d’yeux fatigués. Quelques murmures à la voix mal assurée parvinrent à mes oreilles. La vérité s'imposa à moi, prenant place en mon cerveau, crevant ma dernière parcelle d’espoir à ce moment précis. J’étais en partance pour la purge. Écartant les gens autour de moi avec une force que je ne me connaissais pas, je pris deux de mes enfants à bras, une paire de mains compatissante se saisit du troisième. J’allais remercier lorsque je constatais qu’en guise d’aide, j’avais eu droit à un rapt. Je criai, me débattis, ma femme n'était pas morte pour cela ! Je ne pus rien faire, j'eus beau hurler, taper comme je le pouvais, je n'allais pas prendre le risque de lâcher les deux autres. Le son d’une nuque brisée, à l’autre bout du wagon, m’apprit l’inéluctable. Alors que s’élevait le son de la mastication de plusieurs bouches, mon cri s’avorta sur mes lèvres en un haut-le-cœur silencieux. Cela faisait déjà un moment qu’ils étaient là, eux.
Je défendis mes derniers nés farouchement, mordant les mains qui osaient s’en approcher, fixant la masse d’un regard haineux. Plusieurs jours passèrent ainsi, le son sourd de l’acier sur les rails étouffant les soupirs, les gargouillis des ventres également. Mes petits avaient depuis longtemps cessé de se plaindre, de respirer également. Elle était morte en vain. J'aurais dû leur dire de prendre les enfants, j'aurais dû ne pas la laisser se sacrifier, j'aurais dû... Elle n'aurait jamais accepté cela, elle m'aurait haï, m'aurait interdit de la regarder, de la respirer de me perdre à nouveau en elle...
Longtemps, serrant toujours ces êtres sans vie contre moi, je m'interrogeai sur le but de notre guide, sans doute avait-il réellement songé nous sauver. Au début. Son mutisme aurait dû me mettre la puce à l'oreille, c'est parfois le signe d'une implémentation à l'âge adulte d'un POA bridé. Un sursaut d'humanité l'avait poussé à nous cacher, puis l'implant avait repris le dessus. Un espoir, peut-être ?

Le train s'arrêta. Je perçus le soupir monocorde exhalé des poumons des rares survivants. Soulagés, bientôt la fin. Je soupirai aussi. Enfin. J'étais la mémoire du monde, et aujourd'hui, j'ai su.

26 septembre 2011

Ils...

Ils arrivèrent. À nos portes, juste là, derrière, je les entendais qui reniflaient à travers la porte, ils me sentaient, je le savais. Ma sueur acre que la peur rendait palpable. Elle était partout, la peur, pas seulement la mienne. Tous, nous étions pétrifiés, terrorisés, chaque regard suintant l’appréhension des souffrances à venir, chaque œil reflétant le cauchemar que nous vivions.

Trop calme.

Les nourrissons ne pleuraient pas, les enfants ne jouaient plus, ils avaient oublié comment faire, ce que c’était que l’insouciance, ce que c’était que d’être jeune, sans attache, sans responsabilité. Comment auraient-ils pu faire autrement ? Vivre était une richesse, déjà, rester en vie sans dormir la nuit. La lune était témoin des ombres menaçantes, des griffures sur nos murs, des tentatives d’approche.

Bientôt.

Bientôt, ils nous déborderaient, entreraient, et nous tueraient, tous.
Un par un, tous à la fois. Tous, en tous les cas.
Bientôt. Très bientôt.

Ce soir.

Ils sont entrés, nous ne nous sommes pas débattus. À quoi bon ? Nous savions déjà quel serait le dénouement de la bataille. Nos réserves sont épuisées, nos corps sont las de cette guerre dont nous connaissons les vainqueurs.

Ils sont là.

Nos frères et sœurs, nos parents, nos amis, ceux qui furent nos voisins, nos enfants. Ils sont tous là, nous souriant de leurs crocs acérés, nous tendant leurs mains griffues pour une ultime embrassade, un dernier baiser. Nous nous blottissons contre eux, incapables de lutter encore, offrande à nos amours.

Morts.

Nous avançons avec eux désormais, vers une autre forteresse, un autre bidonville où survivent les humains. Nos cousins. Ils nous rejoindrons, quand bien même ils ne le savent pas encore, quand bien même ils ne l’acceptent pas déjà. Ils mourront, tous, puis ils se relèveront pour avancer, encore, avec nous.

Virus.

La folie s’est emparée des hommes, cela fait quelques mois, une nouvelle maladie, un dérivé de la grippe, encore. Les chercheurs n’ont pas compris qu’ils ne pourraient rien y faire, que cette souche évoluerait chaque fois qu’ils la modifieraient. Non. Ou ils n’ont pas voulu comprendre, aveuglés par ce virus qui leur résistait toujours. Ils ont trouvé l’arme ultime, ils ont trouvé comment tuer, anéantir cette chose.

Ils le croyaient.

Les vaccins furent distribués, la grippe faisait rage. Les vaccins furent efficaces. Très. Trop. Le virus et leurs porteurs furent si bien soignés qu’ils tombèrent tous, comme des mouches. Pour mieux se relever ensuite…

Toujours contagieux.

Nous sommes la folie de l’homme, nous sommes sa fin. Nous sommes sa création, sa créature. L’homme a fait de nous ce que nous sommes. Nous faisons de lui ce qu’il a fait.

À jamais.

22 août 2011

Cocon


Tisse, tisse, petite bête, tisse, laisse-moi la place. Partir, enfin, toujours. Ne plus être là, jamais. T’observer et comprendre. Avoir été comme ce papillon englué, comme lui, fait. Comme lui débattu, longtemps, puis résigné. Comme cet être ailé, laissé ses fards sur ta toile.

Noue, noue, aux huit pattes, noue, enlace, étreins, recouvre ta victime de fil soyeux, le plus doux, dont on ne se défait pas. Offre-lui un carcan souple, fait sur mesure, qu’elle ne pourra détruire. Engluée, victime résignée. Bourdonnement avorté.

Trace, trace, destin venimeux, trace, aspire sa vie, nourris-toi, prends des forces, et oublie-le. Fais en réceptacle de ton amour, du fruit, des fruits, emplis-le de tes œufs, offre leur la vie. Dans la carcasse vide du papillon, dénué d’ailes, petits dorment.

Lèche, lèche, résidus énergisants, lèche et délecte-toi, mais laisse-moi, laisse-moi fuir, fuir mon Ariane, passer sans te détruire, bien que tu sois comme elle, mort inexorable, souffle de vie enfui. Mort lente de l’indifférence.

Tape, tape, eau du ciel, tape et lave moi de mes idées sombres, purifie, exfolie, ex folie… Purge tout, frappe-moi, fort, détruis-moi, détruis-la, détruis la toile, arrache ses fils, ouvre, déchire. Laisse mon moi sortir, s’évanouir au naturel, s’épanouir dans le réel.

Crache, crache, tes mots, crache, insulte et menace, je te vole, je me mens, dément. Je m’échappe, m’écoule et m’écroule, propre, lavé, jusqu’à l’amour, jusqu’à la mort. Je t’ai menti, volé, volé ma liberté. Que le carcan fonde, se fonde dans l’humus, l’amour est propre, fier.

File, file, ta toile, file, comme le vent, partir, loin, te laisser carcasse pleine, réceptacle de nos amours, du fruit, de notre œuf, offre lui la vie. Bien mieux que moi, sans moi, fil rompu, interrompu. Trop jeune, trop tôt, pas prêt. Vis seule, à deux, sans moi.

Vole, vole, liberté, vole, la mienne, la tienne, je t’attache à ce fruit trop mûr pour tomber, et je fuis, pur, propre, libre, sans toi, sans toit, ni loi, ni lui. Seul. Proie évadée, liberté envolée, bienvenue, Ariane, vis, désormais, fin du rêve, réalité arrivée.

Perds, perds, espoir, perds, déambule et trouve-toi, trouve-moi si tu peux, rêve, espère, perds. Jeu, set, et match. Tu as tout voulu, tout, trop, trop vite, tu as, un peu, un bout, réminiscences, rêves, réalité. Cruelle vérité.

Fauche, fauche, jeune fille, fauche, tricote et défais la vie, libère-toi, libère-moi, arrache ton âme, vends toi, vends là, sans moi. Seule, enfin. Libre. Retrouve-toi.
Retrouve-moi.

4 juillet 2011

L’ivre-esse

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Vous êtes bien plus à me manquer. Je découvre aujourd’hui la vie sans vous. Sans doute aurais-je dû songer à cela avant de choisir mon exil. Une île par personne, un mois durant. Aucun contact humain, aucun objet autre que le minimum vital : une gamelle en inox, une gourde et un couteau. Point. L’idée était alléchante. Oublié le stress de la vie active, les voitures, le bruit… Le bruit omniprésent qui ne laisse nul repos à vos tympans.

La nature est bruyante. Venir sur une île déserte pour chercher le calme est une aberration. Le son des vagues, un délice pour qui le découvre, un cauchemar pour qui ne peut le fuir. Le ressac, encore et toujours, valse immuable du temps sur le monde. Seul répit ? Lorsque la mer est basse… Heure où la mer se tait pour laisser place au vacarme terrestre. Vent dans les arbres, cris de singes invisibles depuis l’heure où j’ai hurlé à leur approche… Oiseaux qui chantent. Et dire que des gens en achètent pour le « plaisir » de leur chant !

Les gens sont fous. Moi, y compris. Vous faites tellement partie de mon quotidien que j’en ai oublié combien vous comptez à mes yeux. Combien vous voir à chaque instant est simplement indispensable, combien il me faut plonger en vous régulièrement pour mieux me rasséréner… Humidifier mon doigt pour mieux vous caresser, vivre. Vivre à travers vous, en vous, grâce à vous. Délicieuse sensation d’existence volée, tranches de vies savourées. Les vôtres. Que je fais miennes.

Je suis folle d’avoir cru être capable de me passer de vous. Mais je ne crois pas m’être posée la question. Jamais. J’aurais dû. Invisibles et pourtant indispensables. Folle de vous avoir oublié, folle de tenter de survivre sans vous… Le manque va me tuer… Il me faut vous lire encore, ces mots que je connais par cœur, que je pourrais réciter, à l’envi.

Voilà la solution, je m’en vais vous recréer, encore et encore. Sur la plage, tracer vos mots sur le sable, un chapitre par jour… Je vous lirai vite, avant que la mer ne remonte. Ainsi régénérée, j’irai ensuite m’occuper de vivre cette vie d’ostracisme volontaire, solitude réclamée à grands cris… J’aurai l’esprit libre, vous lire plutôt que me souvenir de vous, ça n’a pas la même valeur…

Lécher mon doigt pour le tremper dans le sable, ça n’est définitivement pas aussi agréable, mais je m’y ferai. L’on ne peut vivre sans vous. Heureux les illettrés, ne sachant pas lire, une vie telle ne les dérangerait pas. Il ne ressentirait pas ce manque, celui que chaque être amoureux de vous sait ne pouvoir être comblé que par vous… Ou un ersatz tracé dans le sable.

Je m’en vais vous bouffer, vous dévorer des yeux, user du sable pour mieux abuser de vous. Ivre de mots, ivre de vous, bourré de livres. Ivresse livresque.

22 juin 2011

Question de point de vue

Ames sensibles s'abstenir... Question de point de vue, à lire initialement chez Luna & Cow

 

 Vision une.

Il est beau. Très. Les autres le trouvent mignon, veulent le caresser, tendent leurs mains avides vers lui. Je refuse. Je les repousse, jalousement. Il est à moi, rien qu’à moi, il n’y a qu’à moi qu’il s’agrippe ainsi, hors de question qu’il leur prodigue ces gestes qu’il me réserve ! Je ne le souffrirais pas.

Déjà qu’il leur sourit. Je fonds. Je brûle. Comment ose-t-il en regarder d’autres que moi ? Je suis toujours là pour lui, je m’occupe de ses vêtements, de sa nourriture, parfois. De son bain,  même ! Je lui prodigue des caresses, le console… Ah, ça ! Quand ça ne va pas, il sait me trouver ! Tout pour son bien être, tout.

Pourtant, ce sont ses seins à elle qu’il préfère, ce sont eux qu’il mord, qu’il malaxe, saisit à pleines mains. Ce sont eux dont sa bouche s’occupe, vorace. Ce sont eux qu’il prend entre ses lèvres, et il n’est pas le seul ! Moi je lui ai proposé les miens, mais non, môssieur fait la fine bouche. Ils restent ses préférés, alors qu’il les partage avec un autre. Et n’accorde pas un regard aux miens. L’autre non plus d’ailleurs. Messieurs font la fine bouche.

Je hais cette paire de nibards qui font le double de ceux que je porte, je la hais plus que tout, et celle qui les possède avec. Son sourire si doux, leurs regards intenses tandis qu’il lui dévore les mamelons. Elle a l’air de prendre son pied en plus ! Et sans pudeur, devant moi, devant n’importe qui, en fait. Et moi. Moi qui les observe. Je peux goûter ? Moi aussi je veux les titiller, les caresser, les porter à ma bouche et la regarder dans les yeux, cette madame j’ai tout ce qu’il faut où il faut. Je la hais, cette femme, je la hais. Mais je la veux.

Je veux… Je veux la goûter, l’embrasser, la caresser… Et l’évincer, surtout. Je la veux pour mieux la connaitre, pour mieux prendre sa place. Elle est si belle… Si belle. Des formes pleines, si pleines, si rondes… Et ils l’aiment tant. Ils n’ont d’yeux que pour elle. Mais ce sont ses seins qui le nourrissent, son cul qu’il emplit. Il est mignon le mien pourtant ! Jalouse ? Moi ? Mais oui ! Très, trop, je n’en peux plus…

Il faut que je me calme. « Cachez ce sein que je ne saurais voir, madame, rangez le, rangez les. Sous clef ! » Voilà ce que je voudrais lui hurler… Qu’il ne me vienne pas une irrépressible envie d’y poser ma bouche, de comprendre, enfin, ce qu’ils leur trouvent de plus qu’aux miens, leur taille mise à part. Son fils, je me doute, je ne dégouline pas de lait en tachant mes chemisiers, moi… Mais lui ! Lui… Comment peut-il la préférer à moi ? Je veux qu’ils me voient comme ils la voient. Et qu’ils me touchent de même, mieux encore.

Je voudrais être elle, et ne suis que son employée. Jeune fille au pair. A-t-on idée ? Je voulais voir du pays, changer d’air, quand je suis arrivée devant leur demeure, j’ai été séduite de suite. Et quand j’ai vu son époux… Conquise. Madame était encore enceinte à cette époque. Pour moi, c’était tout gagné. J’en étais sûre, avant quelques jours il devait se trouver dans mon lit. Pensez-vous ! Pas un regard pour moi, je n’étais que la personne qui devait aider pour les enfants.

D’enfant, il n’y en eut qu’un. Elle est revenue de la maternité avec un seul couffin, a remisé tout ces doubles, inutiles désormais. Là encore, j’ai eu espoir de le voir s’intéresser à moi, mais non, il ne songeait qu’à elle. Sa tristesse, son bien être. Je me suis dit alors qu’il me fallait être son amie, qu’ainsi seulement il me remarquerait. Et c’est qu’on s’entend bien, madame, non ?

Aujourd’hui, il a daigné m’adresser la parole ! C’est le plus beau jour de ma vie, madame ! Je vous adore d’avoir tel mari ! Il m’a demandé si ce soir, je pouvais venir le voir dans son bureau. Il veut, m’a-t-il dit, m’entretenir de quelque chose à votre sujet. Je me ferai attentive, madame. Je vous veux, je veux votre vie. Je le veux, lui.

Je le veux, et je l’aurai !

 

Vision deux.

J’ai souri, j’ai ri, même ! J’aurais pas dû. Elle était pas contente, encore. J’aime pas quand elle est pas contente, ça lui rend les yeux tristes, comme maman. Enfin, pas autant triste. Maman c’est du triste de c’est comme ça qu’on peut rien y faire, elle c’est du triste de la jalouse. Faut pas qu’elle est jalouse, je l’aime bien moi la fille à la jeune paire.

Elle est bizarre, des fois elle est sourire, elle rit, elle me fait des papouilles, mais si je ris à d’autres, elle est pas d’accord, elle me remet dans la poussette, et on rentre le bébé est fatigué. Je suis pas fatigué, moi ! Elle regarde maman bizarre aussi, pas comme elle me regarde moi, non, comme… Je sais pas. Comme si elle voulait être elle.

Elle a voulu me faire manger comme maman, quand j’étais plus petit. Mais c’était pas comme maman. Déjà, ça sentait pas le manger. En plus… Ben y avait pas du manger ! J’ai mordu et j’ai pleuré. Alors elle m’a emmené voir maman. Elle était pas contente, mais moi, si, et j’ai mangé maman. Rien de meilleur. J’aime manger maman.

Des fois, c’est papa qui mange quand j’ai fini, je les vois depuis mon lit. Papa il fait des bruits de sa bouche, il bouge et maman elle fait rien. Elle a peur. Je sais ça. Elle a pas peur de papa, non, elle a peur que son ventre il a un autre comme moi dedans. Je sais pas comment je sais ça, je sais pas du tout. Mais je sais tout.

Maman, quand elle me donne à manger, elle me regarde dedans les yeux. Mais dans ses yeux à elle, en plus de tout l’amour de le monde, je vois des larmes. Comme que si elle était triste. Moi je sais pourquoi qu’elle est triste. C’est comme moi avec mon creux tout en dedans. J’ai l’impression que jamais il sera plein… Et j’ai mal à la tête, souvent, c’est la migraine, on dit.

C’est toi qui me manques. Là bas, on était deux. Bien serrés dans l’eau, c’était bien. Il faisait chaud et puis ça remuait. Un jour, c’était moins drôle, ça s’est mis à se serrer de partout, toi tu t’es retrouvé tout coincé, avec le tuyau autour de la gorge. J’ai vu dans tes yeux que ça ne t’amusait plus, mais je ne pouvais rien faire ! Moi, on m’entrainait vers le bas, par les pieds, et le tuyau se tendait, serrait plus parce qu’il était aussi autour de moi. Et je te regardais.

Je suis sorti le premier. Et on m’a mis dans une boite. Et puis j’ai entendu crier, pleurer, crier… Des bruits qui m’ont fait peur, j’ai pleuré. On m’a emmené, la jeune fille, elle m’a pris plus loin, papa et maman étaient occupés, ils pleuraient. Maman elle te serrait contre elle, elle avait demandé, elle te serrait en disant que non non non c’était pas possible. Et moi je voulais ses bras.

Après, je t’ai jamais revu. Jamais. Je me rappelle tes yeux qui me regardaient tandis que je sortais de maman. Et je pleure. Et maman me prend dans ses bras. Et papa grogne. Et moi, je me tais, comme ça il grogne pas contre ce bébé qui sait pas se taire. Et pas contre maman non plus. Maman, faut pas avoir peur, t’auras pas un autre bébé, et si t’en as un, il sortira vivant.

Mais maman… Si t’en as un autre, hein, tu m’aimeras encore, hein ? Je voulais pas le tuer en sortant, moi, je voulais pas. J’ai pas fait d’exprès. Moi aussi je l’aimais, je l’aime encore. Souvent, j’ai l’impression que je l’ai encore dans le dedans de moi et ça me fait mal à la tête. C’est la migraine, ça, maman.

La mi-graine.


Vision trois.

Je ne peux m’empêcher de songer à l’autre paire lorsque je regarde la tienne. L’autre paire, celle qui n’est plus. Les billes semblables aux tiennes qui devraient, débordantes d’amour, me fixer comme tu le fais. Ses yeux, à lui. Lui qui aurait dû être, aussi. Et je songe, parfois, je m’en veux de songer cela ! Je songe que c’est à cause de toi ! C’est bien ce qu’ont expliqué les médecins, c’est à cause de ça qu’il n’est plus. Qu’il n’a pas été.

Et je t’en veux. Et je me hais de songer ça. Je me hais. Et je t’aime. Tu n’as rien demandé à personne, on t’accuse, je te le reproche. Je ne devrais pas. Non, je ne devrais pas. Et sans doute mon silence est-il pire que d’ignobles paroles que je pourrais prononcer. Je vois bien que tu lis dans mon regard. Tu y lis toutes ces horreurs que je pourrais conter. Puisses-tu me pardonner, mon fils, d’avoir osé pu penser telles choses.

Puisses-tu aussi ne jamais être tel ton père. Oh, je l’aime ! Ça, oui ! Ou du moins, je l’ai aimé… Longtemps, très longtemps ! Mais depuis quelques temps, quelques mois, certaines choses me gênent. Les employées qui ont démissionné les unes après les autres. Sans même dire au revoir. Oh, j’ai bien vu ses regards envers elles, oui. Je ne suis pas dupe. Et je le soupçonne de les avoir congédiées après les avoir séduites.

Je le connais bien. C’est mon époux, tout de même ! Et puis elle est arrivée, fraiche, réservée, pimpante et si fluette. Venue m’assister pour élever mes jumeaux. Penses-tu, mon unique fils, elle a bien du temps libre pour rêver ! Et elle rêve, ça oui ! Elle rêve de mon mari. Et d’avoir ma place. Mais qu’elle rêve, la petite, qu’elle rêve. Veut-elle mes cornes aussi ? Elles sont longues… Qu’elle ne s’inquiète pas, elle sera licenciée bientôt, très bientôt.

Tu vois mon fils, elle est gentille avec moi, avec toi. Elle a même tenté de t’allaiter, cette gourde. Et elle veut ma place. Et elle ne l’aura pas. Il la prendra, un soir, et le lendemain, elle sera à la porte. Comme les autres. Oui mon fils. Oui. Ainsi est ton père. Comment ? Tu penses qu’il n’en  veut pas ? La jeunesse t’aveugle, chair de ma chair, il la dévore du regard, elle l’obsède, il ne pense qu’à cela. Et elle croit qu’il l’ignore. Il est doué, j’avoue.

Et alors, elle redouble de séduction discrète, persuadée qu’il ne la voit pas. Et lui, lui. Lui vient sur moi, l’imagine, et se vide. Il te pique ta pitance. Au début cela pimentait, j’ai cru que c’était pour moi, ces attentions, il était plus tendre, plus aimant, plus… amant. Et j’ai vite compris. Et je n’ai plus eu envie. Et puis la disparition de ton frère m’a rendue moins envieuse encore. L’amour, il est pour toi. Toi que je hais de la mort de ton double. Et que j’aime pour deux.

Ça y est, il lui a parlé. Mais non, je ne les ai pas surpris. Tu n’as pas vu comme ses yeux brillent à ta nurse ? Ses yeux, qu’elle a fort jolis, d’ailleurs, ainsi que le reste de son anatomie. Je serais homme que je ne serais pas insensible à ses charmes. Je suis femme, et je la contemple avec plaisir. Je serais presque jalouse de cette soirée qu’il va vivre. Je comprends qu’il la désire ainsi. Je la croquerais bien, moi, la petite, centimètre par centimètre, sans en louper une miette.

Quelles inepties je raconte, moi, tu ne trouves pas ? Non ? Ta mère est folle, mon chéri, folle d’avoir perdu la moitié de ta graine, oui. Folle de te reprocher cette perte alors que c’est son intérieur qui n’a pas su le protéger. Tu n’y es pour rien, mon fils. Je suis la seule coupable. Trop attendre pour faire des enfants, ce n’est pas sans risque. Dors, mon tout petit, dors. Ce soir papa ne fera pas de bruit sur maman. On est tranquilles, ce soir.

Papa est en haut

T’auras du lolo



Vision quatre.

La petite salope. Cela fait cinq mois qu’elle me tourne autour. Non, six. Six longs mois où je me retiens d’étendre la main, de l’attraper et de la prendre, là, sur le tapis, contre un mur, sur la table, violemment. Sans lui demander son avis. Six mois durant lesquels ma main a fait tout le travail… Sur moi. Au début, quand elle est arrivée, ma femme était grosse, encore, mais cela ne m’a jamais dérangé. Elle non plus, je crois. Et cette petite aguicheuse dans la maison n’a fait que pimenter nos relations.

Oui, je me vidais en ma femme de l’image de cette petite pute. Si j’ai honte ? Non ! Avant, il y a eu la femme de chambre, la bonne, la cuisinière… Alors, pourquoi pas celle-là ? Elle est mignonne, en plus, avec ses petits pieds, sa taille dont je pourrais faire le tour des deux mains, toute fluette. Dommage qu’elle ne porte pas de tenue plus sexy. C’est que j’aurais bien aimé mesurer le galbe de son cul, et la taille de ses pommes. Tout me parait petit, du qui tient dans la main… ça me changerait.


Profiter de ma femme quand ma main ne me satisfaisait plus. Je l’ai fait, souvent. Et je n’ai toujours pas honte, non. Vous la verriez la jeune fille au pair - aux paires oui ! Une paire de mignons petits nibards et de fesses rebondies - Seriez fous ! Oui, tous autant que vous êtes, seriez fous ! Alors imaginez, avoir le menu gastro sous les yeux durant six mois, alors que vous bouffez à la cantine. Ben ouais, vous salivez. Et bien moi aussi !


Le pire c’est qu’elle n’a pas l’air de se rendre compte qu’elle m’allume ainsi. Si elle savait l’effet qu’elle me fait, elle se comporterait différemment. Je la regarde quand elle ne peut pas me voir, je l’observe évoluer dans ce logis qui est le mien. Elle se rapproche de ma femme… Qu’elle ne le fasse pas trop! Elle pourrait prendre peine lorsque la petite démissionnera. Et je ne veux pas faire de peine à ma femme, pas du tout. Jamais ! Elle en a bien trop, déjà.


Il faut que je sois prudent, on va se poser des questions, sinon, autant de démissions dans cette maison. Mais… Si elles étaient consentantes aussi ! Cela m’éviterait bien des désagréments. Enfin… Ce soir, petite, ce soir, je m’occupe de toi. C’est une promesse que je te fais, et ma femme le sait, je tiens toujours mes promesses, toujours.


Il faudrait que je pense à ma femme, dites-vous. Mais j’y pense, justement ! J’ai l’impression que mes assauts journaliers la lassent plus qu’ils ne la satisfont. C’est qu’il ne faut pas oublier qu’elle a accouché il y a peu, alors elle n’a guère envie. Avant qu’ils ne sortent, les deux, l’un mort, l’autre bien vivant, elle avait envie, très. Maintenant, elle me fait l’effet d’une planche de bois qui me rabote la queue tellement elle est sèche.


Il y a un avantage, tout de même. Ma femme n’a peut être pas du qui tient dans la main, mais du qui emplit bien la bouche, et ça, j’adore. Une fois que le môme les a vidés, ils sont à moi. Et puis, des fois, il en reste, dedans. Parce qu’il était repu. A ce moment là, oui, à ce moment là, je me régale ! Et vas y que j’y enfouis ma tête, que je mange, que je dévore. Ça, elle apprécie. Mais faut que j’y aille doucement, ne faudrait pas que je les abîme, faut que je pense au bébé. Tue l’amour.


Et le bébé par ci, et le bébé par là… Et surtout, l’autre. L’autre qui n’a quitté la maternité qu’entre quelques planches et dort maintenant au fond d’un trou. Elle ne parle que de cela. Ses discours sont ponctués de « et si ». Elle a même dit un jour que peut être, si nous avions moins fait l’amour, le bébé serait en vie ! Quelles conneries peuvent sortir de la bouche d’une femme ! Pour ça que je préfère les emplir, les bouches…


Enfin, non. Ma femme n’est pas inintéressante d’habitude, mais en ce moment, toute à sa tristesse.Elle n’a plus envie ? Soit. Je ne vais pas la forcer. Je l’aime trop pour cela, alors ce soir, ce soir je vais céder à une envie.


La mienne. 




Vision cinq.

Elle est jolie. Toute jeune encore et la peau douce. Un peu de maquillage et elle serait parfaite. Pas grand-chose, un peu de fard, pour la rendre plus mûre, quelques couleurs, légères, sur les paupières, et basta. Rien de plus. Rien de moins.
Elle est jolie, vraiment. Des hanches pas encore tout à fait pleines, une poitrine qui appelle la main à s’y poser. Tout en elle appelle à la débauche. Un regard coquin, sans doute, et une bouche avec juste ce qu’il faut de pulpe pour qu’on y morde.

Ce qui a été fait d’ailleurs. Une toute petite trace, là, sur les lèvres. Sans doute faudra-t-il que l’on recherche quel rat a la moustache tâchée. Mais ça n’est pas mon travail. Moi, je suis là pour évaluer la marchandise. L’identifier.
C’est vrai, on ne peut pas se permettre de coller l’étiquette « putain » à une jeune étudiante, on ne peut pas non plus imposer à une jeune femme, l’âge d’une quinquagénaire. Mon estimation doit être parfaite. Comme son corps.

Elle est vraiment jolie. Ces marques sur ses hanches, sont celles de mains d’homme. Fermes, puissantes, qui assurent leurs prises. J’aurais fait de même à sa place, à lui. Être sûr qu’elle ne m’échappe pas. Et labourer.
Il l’a fait, labourer. J’ai trouvé des restes de lui à l’intérieur. Un peu de fluide vital, de celui qui la donne, la vie. Il l’a bourrée. Il l’a bâillonnée aussi, je le vois aux commissures de ses lèvres pleines. Déchirées. En haut et en bas, d’ailleurs.
Il a semé, dans les sillons creux, dans les vallons et s’est introduit partout. Elle a souffert. Pas tout de suite, l’analyse sanguine révèlera cela. Mais je n’ai pas besoin de ça, elle est encore moite. Il l’a fait souffrir, les larmes séchées sur ses joues en témoignent.

J’imagine qu’elle n’a pas eu le temps de comprendre. Sans doute l’a-t-elle séduit, sans doute s’est il laissé faire, sauf qu’il était prédateur. Sans doute s’est-elle fait séduire, à son insu, persuadée de mener la danse. C’était une allumeuse.

On pourrait lire ses derniers instants sur son épiderme trop blanc, blafard. Grisonnant déjà par endroits ou se tachant de rose. Je sais lire sur les corps. Mes doigts la parcourent tendrement, une dernière caresse avant l’inéluctable Y.
Elle n’en a pas besoin. Son intérieur parlerait pour elle. Vie saine, pas de cigarette ni de drogue d’aucune sorte. Pas une pute, étudiante. Vivant chez ses parents. Nulle alimentation du genre chez les indépendants.

Je l’imagine évoluant, sûre d’elle, jouant la timide, peut être, j’imagine son œil à sa place, et le petit sourire qu’elle m’adresse. Je crois que j’aurais fait comme lui. Cette fille est une invitation à la débauche. Gratuite. Mais je l’aurais gardée en vie, moi.
Je ne vais pas t’ouvrir, pas t’abimer, reste pure, petite, reste entière, que lorsque je te regarde je puisse te voir à nouveau, comme avant. Mais si, on se connait, ma main reconnait cette peau qu’elle n’a jamais pu caresser… Mauvais choix.

J’aurais su t’aimer, petite, tu n’as pas choisi le bon, tu as préféré l’homme de la maison plutôt que ton professeur. Ah, oui, le costard cravate, ça donne plus envie que l’homme qui découpe des cadavres pour le compte de la police.
Adieu, gamine, voici ton étiquette, moins on en sait, plus longtemps tu restes là, avec moi. Et ça peut être éternel, je peux faire en sorte qu’on t’oublie. Je crois que je vais aller le remercier quand même, il m’a fait le plus beau des cadeaux. Toi.

Scouiiiic ? Oui, monsieur le rat, affaire classée, et liberté pour toi. Merci de me l’avoir ramenée, elle ne m’avait jamais autant accordé d’attention que depuis que tu m’as donné son œil. Je suis désolé d’avoir gâché ton festin, mais elle, je me la garde. Quant aux autres, il y a bien longtemps que toi et les tiens, vous aviez tout fini.
 

20 juin 2011

Question de doigté

S – Je ne comprends pas pourquoi tu as fait ça. Tout se présentait si bien ! Être baignait dans la béatitude, mots doux aux Oreilles, sucs à Langue, vision à Yeux. Tout nous souriait, et sur moi, Gauche, se portait magnificence, anneau doré, pierre brillante… J’en tremble encore ! C’était… L’apothéose ! Tu es jalouse, dis-le ! Jalouse que ça soit à moi qu’on ait porté bijoux ! À mes branches qu’on pose l’or ! J’aurais dû m’en douter ! Tu as toujours, toujours…

D – Jalouse, moi, j’en ris ! Vois comme je tressaute, tu dis vraiment n’importe quoi ! Tu n’as jamais été capable de voir quoi que ce soit, de déduire, de faire… J’ai toujours écrit pour nous deux, lorsque Bouche se devait de rester close, c’était moi la porte parole ! Moi ! Toi, tu tenais la feuille… Incapable… Et c’est toi qu’on pare… Mais…

S – Tu vois que tu es jalouse ! Je le savais ! Je le sa-vais ! Ha ! La main dans le sac ! Dans le cul lulu ! Comment tu viens de te vendre !

D – Vendue ? Moi ? C’est toi qui fais la catin et défends le souteneur, magnifique, encore, dans ta déchéance… Il fallait bien te trouver une utilité, porter les bijoux, ça ne demande aucun art… Mais ça, je m’en fous. Ce que je n’aime pas, c’est qu’en face, tout n’est que mensonge. Je sais que tu les apprécies tous, moi aussi, au demeurant, mais je crois que Cerveau-mâle ment à son Corps entier.

S – Développe. Tu as gâché le plus beau moment de ma vie, je veux bien t’écouter, mais tes arguments ont intérêt de se tenir, tu as intérêt à être vraiment convaincante si tu ne veux pas que je te détache de Bras…

D – Tu n’en aurais pas la force, Cœur lâcherait, ou Cerveau tournerait œil en interne. Au mieux tu couperais Veine et laisserais Fluide s’échapper. Tu en mourrais aussi. Mais là n’est pas le sujet.

S – Cesse de me dévaloriser ainsi, ce n’est pas parce que je parais frivole, frémis au contact de Douce et Gracieuse, ces virtuoses de la caresse qui dansent si bien sur les touches noires et blanches que nous en frissonnons de concert… Tu n’as pas toujours été indifférente !

D – Non, je ne le suis toujours pas.

S – Alors pourquoi as-tu agi ainsi ?

D – Vas-tu donc me laisser parler ? Je tente de t’expliquer et toujours tu attaques, déplores et ne me laisse m’exprimer. Nous étions toutes à elles, subjuguées, et Corps également, entier. Douce et Gracieuse l’avaient sous sa coupe, Prunelles avaient fait plonger Yeux. Noyés. Nous étions heureuses, je ne le nierai pas. Mais hier, hier, souviens-toi. Douce et Soyeuse te maintenaient, tremblante, j’ai voulu aller cueillir Nuque, si tendre, prompte aux éruptions d’épiderme. Doigts voulant lui courir dessus… Et là, là, j’ai découvert une marque de Bouche. Mais pas de Bouche de Corps ! Non, d’une autre ! Yeux ont voulu se fermer, ils voulaient nier l’évidence… Rester aveugles. L’amour rend aveugle, le mariage rend la vue. La demande, ici, a suffi. Cœur s’est brisé. Et Cerveau m’a demandé vengeance. C’est alors que je l’ai giflé. Te laissant saisie, ornée, abandonnée.

Vérité encaissée, Sénestre se débat. Demande de l’aide, Dextre tente, sans succès, d’ôter le bijou.


S –Tranche !

D. s’exécute sans hésiter, tranche Annulaire. Depuis, S. se prénomme Sinistre, fière, arborant son absence de bijou. Plus de mariage possible, l’Être préférant rester aveugle. Amoureuse.

16 juin 2011

Là où naissent les marques

Adolescente, j’ai découvert Werber. Je l’ai adopté, direct, dans le cercle très fermé de mes auteurs favoris. Si si. Faut dire que j’ai commencé par la trilogie des Fourmis et ai enchainé sur les Thanatonautes. De quoi vous faire kiffer.
J’ai kiffé.
L’écriture était fluide, le style agréable, l’idée de ponctuer le tout d’extraits d’une encyclopédie écrite par « un personnage » était vraiment bien trouvée… Et puis, les personnages qui se suivent au fil des bouquins, on s’y attache.
L’infiniment petit, puis la vie après la mort, deux sujets qui, à cet âge, m’intéressaient à fond. Toujours un peu d'ailleurs, on est adulescent ou on ne l’est pas.

J’ai lu plus tard, Le père de nos pères et L’ultime secret, j’y ai découvert Lucrèce et Isidore, j’ai appris à les connaitre, les apprécier.  Me représentant Lucrèce comme une jeune fille intéressante, rebelle, un personnage, un vrai. Isidore quant à lui m’a paru comme un homme désespéré de ce que les hommes faisaient de la Terre, mais pourri d’Espoir malgré tout. En la nature humaine.
Les théories dans ces livres, toujours un peu barrées, moi j’aime ça. Donc, je n’ai pas détesté, ça n’était déjà plus la lecture de L’Auteur avec un grand A.

Dans l’idée, en famille, on savait que j’aimais bien cet auteur, donc, Noel, anniversaire, je n’y coupais pas. J’ai donc obtenu la suite des Thanatonautes… Et j’ai eu l’impression de relire la même histoire mais dans un lieu différent. Il se passe sensiblement la même chose, le plan de l’histoire est le même, bref, redondant et sans intérêt. Je ne me suis d’ailleurs pas donnée la peine de lire le dernier tome du cycle des Dieux.

Et puis je dois avouer que les bouts d'encyclopédie me gavent, à force.

Nos amis les humains, j’en garde un bon souvenir, malgré une impression de déjà lu, réminiscences de Gulliver.  Le livre du voyage… dort dans ma bibliothèque. Je n’ai pas trouvé le moment où j’étais dans le bon état d’esprit ET que j’avais envie de le lire…

Ses nouvelles… Ses nouvelles sont justes géniales ! J’adore ! Je prends mon pied, vraiment ! J’ai envie d’en lire encore plus, de voir où cet esprit nous emmène, et sans difficulté !
La BD, aussi, j’ai aimé. La patte du dessinateur aide beaucoup, faut dire. L’histoire est bonne…  ça, j’attends la suite.

Le papillon des étoiles, j’ai aimé. Même si j’avais deviné la fin dès le début du bouquin… Prévisible. Voilà un terme qui pourrait correspondre à Werber, désormais.

Le Miroir de Cassandre… Un bon moment de lecture, sympathique, réellement. L’histoire est bien trouvée, le village dans la décharge, par exemple, les personnages qu’ont une gueule, non, vraiment, j’avais retrouvé un peu le gout de la surprise.

Et là, là, j’ai eu droit à une surprise, et quelle surprise ! J’ai lu le Rire du Cyclope. Enfin, j’ai essayé. Je n’ai pas dépassé les 150 pages. C’est vraiment rare que je bloque sur un bouquin, vraiment. Finalement, il fait dans l'imprévu...
Base du livre, la nouvelle « Là où naissent les blagues »… Une très bonne nouvelle, vraiment, qui se suffisait à elle-même, mais parait que les fans ont voté… On vous a jamais dit qu’il fallait écrire ce qu’on voulait, pas ce qu’on nous demandait ? « Les fans l’ont demandé, alors, même si c’est nul, je le leur sers. »
Déjà, la BQT… Oh mais qu’est ce que c’est donc que cette chose qui a tué le comique ? Parce que oui, oui, Lucrèce, elle est très forte, même qu’elle sait déjà, elle en est persuadée, que c’est un assassinat. Et puis même qu’elle trouve des indices que les flics ils n’ont même pas cherchés, parce que, cons comme ils sont, ils vérifient rien du tout. Tout le monde sait que les célébrités qui meurent d’une crise cardiaque, on vérifie pas qu’on les a aidés…
BQT, donc, qu’il est noté. Et puisque c’est tiré de Là où naissent les blagues, on ne se doute pas du tout, mais pas du tout du tout qu’il s’agit de la « Blague Qui Tue » (la blague qui tue trop de la mort, c’est qu’en plus, je dis ça, mais j’ai pas été vérifier hein, puisque je n’ai pas fini le livre…
Bon, encore, jusque là, on se dit « bon, elle n’a pas aimé l’histoire »… Mais s’il n’y avait que ça ! C’est écrit avec les pieds ! Et encore !
Lucrèce prend des photos avec son « appareil reflex Nikon équipé de flash »… Là, j’ai envie de dire What The Fuck ? Elle prend des photos, ok. Qu’est ce qu’on en a à foutre que ça soit avec une putain de marque, voire même juste, que l’appareil soit un reflex ! Ce qui compte, c’est qu’elle la prend, sa photo !

Et ça, c’est rien… À un moment, la jolie rousse, habillée, comme toujours ou presque, d’une chemise chinoise sans manche, rouge, avec un dragon dessus… Oui, oui, on a droit à quasi la même description (c’est la position du dragon brodé qui change…) plusieurs fois… Dites, vous vous en foutez de sa tenue, vous, non ? Ben moi aussi…
Bref, à un moment, donc, elle « remonte sur side-car Moto Guzzi 1200 cm3. Elle branche sur son Blackberry Fear of the Dark – Peur de l’obscurité –, du groupe de hard rock anglais, Iron Maiden. » Un peu plus loin,  « Elle tourne la manette des gaz pour faire grimper l’aiguille jusqu’à 130 kilomètres-heure. »
Là, sérieux, soit il est payé au nombre de caractères, soit il a oublié que tout ne mérite pas d’être écrit. Ou alors il se fout complètement de notre tronche. C’était pas possible de faire la même sans les choses inutiles et sans les marques ?
Un truc du genre : « Fear of the Dark d’Iron Maiden dans les oreilles, elle pousse son side jusqu’à 130. » Oh putain ! J’ai tout dit ! Et sans sponsor !

Bon, je rajoute que la rousse, là, elle bouffe du Nutella ? Oui oui, noté comme ça. Parce qu’elle va pas bien… Et comble du comble, ses remonteurs de moral sont, dans l’ordre, son coiffeur, une cartomancienne et un psy… Bon, les deux suivants encore… Mais le coiffeur ? Lucrèce chez le coiffeur ?
Et oui, il faut savoir que la jolie, là, elle a peur d’avoir les cheveux qui frisent à cause de la pluie ! Et si… Faut dire que c’est hyper important…

Alors, je veux bien que Werber soit apprécié des lectrices d’Elle. Ok. Mais bordel ! Il l’était en écrivant normalement, il n’a pas à se croire obligé d’écrire pour des pouffiasses dégénérées qui ne pensent que par leurs tenues, leurs coiffures, la marque de leur téléphone, de leur appareil photo, de leur moto… Lucrèce, le personnage d’origine, on l’aimait bien, là, elle est juste détestable. Sérieux, une meuf comme ça, je rêve que d’une chose, que la Thénardier lui envoie un front kick dans sa face.

Et les supers bouts de soit-disant bouquins d'histoire de l'humour...  Bien trop capilotracé pour être un rien crédible. Auparavant, au moins, ça se tenait.

Blagues parsemées au fil du texte, du genre "celle ci, elle va vous faire rire, je vous l'assure"... Ouais, pourtant il l'explique bien, dans son bouquin, qu'il ne faut jamais dire ça. (mais si elles ne sont pas censées nous faire rire, qu'est-ce qu'elles foutent là ?)


J’entends déjà les critiques fuser, du genre « mais toi, avant de casser comme ça, fais-en déjà le quart, et ensuite on en reparle »… À cela, je peux répondre que, déjà, je ne suis qu’une plumette débutante que plus tard je ferai mieux et bla, et bla, et bla, patati et pattes en l’air… Que je ne me permets pas d’écrire de la daube pour la vendre à prix d’or, que là, c’est pas de la confiture qu’on donne à des cochons, mais plutôt le contenu de l’auge de la bête donné aux humains.

Mais je peux surtout dire que là, je réagis en tant que lectrice. Bordel, comment peut-on se foutre autant de la gueule du monde quand on a cette notoriété ? Sortir un bouquin pour sortir un bouquin, ça n’a aucun intérêt. Si on accouche d’une merde, on doit au moins avoir la décence de le reconnaitre et ne pas proposer ça aux lecteurs !

Les gens attendent d’un bon auteur qu’il continue à l’être. Werber, maintenant, je m’en contenterai à la bibliothèque municipale, et encore. Sans doute, dans la mienne, va-t-il être relégué à la planche du bas.
Ben oui, imaginez la scène :
« Oh, c’est quoi ça ? T’en as plein, je t’en emprunte un ! Vu le nombre, ça doit être bon… »
« Euh ben, en fait, il n’y a que ceux-là de bien, les autres, évite… »
« Ben pourquoi t’en as autant alors ? »
« Parce que… Parce qu’au début, j’aimais bien, après il a fait du moins bien, mais j’ai gardé espoir, tu sais combien je suis naïve… »
J’aime pas le reconnaitre, mais là, pourtant

Je suis déçue. Profondément. Werber, le bon, n’est plus. J'en suis même triste, en fait.

8 juin 2011

Leitmotive


LA MARÉE MONTANTE…
… a inspiré un certain nombre d'auteurs, qu'ils jouissent déjà d'une certaine reconnaissance ou qu'ils soient écrivains en herbe.
Pas moins de 65 auteurs aux univers et imaginaire débridés ont proposé leur texte en vue de figurer dans le recueil collectif LEITMOTIVE, premier du nom. Un ensemble de qualité impliquant un choix difficile, par définition éliminatoire, une partie seulement des textes étant promue à l'édition papier.
Au final, un recueil éclectique de vingt nouvelles, fragments savoureux d’une étonnante diversité. Senteurs iodées et parfums exotiques, eros et thanatos, onirisme et réalisme, poésie et paillardise, folie et bons sentiments, nostalgie douloureuse et présent obsédant s’y côtoient sans vergogne au rythme des eaux troubles et des vagues écumeuses.
Pour vous procurer l'objet-livre, résultat final de cette première aventure éditoriale, suivez ce lien :


LEITMOTIVE, Opus 1, 14,90 €, disponible à partir du 8 juin 2011.


Un livre avec des plumes dedans ! Et quelles plumes !

Célestine - Alexandra Berthomet
Dans sa robe de marée - Justine Neubach
Death on two legs - Arnaud Modat - Trompette Sournoise
De la mnésie au truisme - Yu-lan Tsien - Yunette
Dérive d’un oublié - Simon Proust
Des maux venus de loin - Jean-Pierre Boissière - Jean-Pierre
Eau oxygénée - Emmanuelle Robert
Embrouille - Paul Andrade
La dame blanche - Brigitte Millet
La houle - Marie-Jeanne Bourdon
L’attente - Laurence Baudot - Eleonore
La vie animale - Frédérique Trigodet - EmmaB
Lys - Elisabeth Dewilde
Morsure lente - Christophe Esnault
Mutatis mutandis - Lal Behi - Lal Behi
Pirate russe - Véronique Pingault - Jveuxdusoleil
Poisson d’avril - Patrick Larriveau
Raconte-moi la mer - Nicolas Brulebois
Ressac - Isabelle Guilloteau
Une idée pour deux - Dominique Guérin - Djin

6 juin 2011

Bouh !

Maman dit toujours que je suis brave, vaillant, courageux. Et quand elle dit ça, je fais le coq et le bar tabac du coin, fier tout pareil. Parce que j’aime quand maman elle dit ça. Après, j’ai tout chaud à l’intérieur, et j’ai encore plus envie de me casser le cou – même que moi, j’ai qu’un cou, mais papa, souvent, je lui casse les cous – parce que quand je fais ça, maman crie un peu, et après, c’est un gros câlin avec des mots comme « T’es fou mon chéri, comme ton papa » Et comme papa, plus tard, je me marierai avec elle.

Le soir je dors avec la photo de ma maman sous mon oreiller, je la regarde longtemps pour m’endormir avec son image dedans les yeux et rêver d’elle. Mais ça marche pas toujours très bien. En ce moment, je rêve que je fais une grosse chute qui finit jamais jamais, que même je vois pas le fond et puis je voudrais bien me réveiller, mais que j’arrive pas. C’est à cause de gâteaux que j’adore qui sont avec moi, oui, j’adore les gâteaux, c’est de la gourmandise, elle dit, maman. Mais c’est bon la gourmandise, moi j’aime ça.

Pour être courageux, faut faire des choses qu’on a pas le droit de faire. Des choses que si on nous trouve, on se fait gronder. Là je fais une grosse bêtise, mais au moins, on me trouvera pas et je vais gagner. Quand je sortirai avec le drap sur la tête et tout l’air blanc autour, ils vont avoir tellement peur que j’aurai le temps d’aller jusqu’au mur et crier que j’ai gagné, qu’ils m’ont pas trouvé et que c’est moi le plus fort, même si je le sais déjà ça, que c’est moi le plus fort. Maman elle m’avait interdit, parce que c’est très dangereux.

Bon, je n’ai plus que trente deux fois à compter jusqu’à cinquante et je sortirai. C’est pas très facile quand même, de compter dans le noir et puis j’ai la boite du gâteau qui me fait mal dans l’omelette plate du dos, c’est pas pratique. Il fait froid quand même, même avec le drap que j’ai pris pour faire le fantôme. En plus je vais attraper le rhume et maman va me gronder, ça par contre, elle gronde vraiment quand je tombe malade par ma faute. Si je tombe tout court, j’ai des câlins, par contre.

Bon, je sors tout de suite, tant pis… Faut que j’arrête de dormir et que je pousse sur la porte, j’arrive pas très bien, je sais pas si je suis plus le plus fort du monde ou si c’est parce que je suis en train de dormir, mais le couvercle de la porte s’ouvre pas. C’est pas drôle, réveille toi, moi ! Faut pas dormir dedans le froid, faut faire comme dans le film de ceux qui bougent tout le temps, bouger, me réveiller, et sortir…

Mais trouvez-moi ! Ils sont nuls mes copains, ils savent même pas que la meilleure cachette de tout le monde entier, c’est dans l’endroit où t’as les trucs les mieux à manger, les gâteaux qui se mangent sans qu’on les cuise, là, ceux que tu prends quand ils sortent du frigo qui gèle les cons. Et ben voilà, je dis des gros mots, c’est pas bien. C’est peut être parce que j’en suis un, maman elle avait interdit, c’était peut être pour une bonne raison quand même…

Je tombe encore, dans ma tête, je tombe, mais je pense, mes pensées sont loin, c’est bizarre, comme si on me les criait, ça donne le vertige. Mais je m’en fiche, moi, j’ai gagné, et dès qu’ils ouvriront, je ferai le fantôme !

3 juin 2011

Stupéfiant

J’étais stupéfait. Totalement. Bouche béante, scotché à la rambarde.
Les esgourdes en souffrance sous le son des griffes sur le métal.

Ils étaient stupéfiants, j’avais tout calculé au poil, pour que la horde ne nous décime pas, mais je ne m’attendais pas à ça.

Quinze mille de plus que prévu, au bas mot, et je ne pouvais rien faire, rien !
Observer, impuissant.
La sueur suintant le long de ma colonne.

Froid, le fluide, glacial.
Et le réveil, la tête lourde, dans le silence…

Vue sur la ville intacte.

Plus jamais de cacheton avant de monter la garde.
Bad Trip.

Vie de caddie

« Nous partîmes quarante, mais sans grand effort, nous en perdîmes trente en arrivant au fort. »
Ça aurait pu faire un chouette début en fait, un machin qui rime, qu’a de la gueule. Sauf que la lose c’est que ce n’était pas un fort, ça ne ressemblait à rien. On voulait faire un genre de barricades, un truc que les errants ne pouvaient pas passer, qui nous aurait tenus en sécurité…

Si on avait su… Pourquoi se donner tant de difficulté alors que le mal nous ronge de l’intérieur ? Avec eux, au moins, nous savions d’où venait la menace. Là… La seule chose dont je suis persuadé c’est que je ne suis pas coupable. Ce qui ne les empêche pas, les neuf autres, de m’observer l’œil empli de méfiance, soupçonneux au moindre écart.

Et comme je les comprends ! Je me méfierais de ma propre mère si elle n’était la première à avoir succombé. Tout s’est passé vite, beaucoup trop vite. Et nous n’avons retrouvé aucun corps, sauf durant la grosse vague de croulants. Les têtes, juste, visage figé dans un rictus infâme, la peau déchirée plus que découpée… Sourire béant, mâchoire défaite, yeux exorbités… Quand ils étaient encore présents.

Les zombies ont cela de bon que lorsqu’ils tuent, ils ne laissent mie. Ils vous embarquent, entiers. Ça évite de se demander, ou d’être persuadé que le mort a souffert. Et vous revenez, ensuite, saluer la famille. Maman n’est jamais revenue. La tête seule, cela ne donne rien, et quand bien même, les autres l’ont arrosée, ne lui laissant pas cette chance. Je n’ai pas même eu le droit de la frotter derrière les oreilles.

Nous étions quarante, et trente ne sont plus. Ça craint. Chaque jour nous faisons des expéditions, passons au milieu des errants, qui, bizarrement, n’attaquent que le soir, à une heure donnée, comme quoi, ils sont bien organisés. Et nous aussi, de fait, puisqu’on s’est calés sur leur horaire. Esclaves d’êtres qu’on ne peut qualifier de vivants. Tombés bien bas, moi je vous le dis.

Chaque jour j’en ai vu disparaitre. Des nôtres, les autres je m’en fous. Maman la première. Et ce n’est pas dû aux zombies. À mon avis, on devait la trouver trop lente, coincée dans son caddie et moi avec. Pas sa faute, aussi ! D’accord elle était chiante à gueuler qu’elle avait mal, ou à chanter quand on lui filait des calmants, mais merde ! C’était ma mère, quoi !

Et tous les vieux d’un coup. Méthodique. Portes ouvertes, juste un soir, le soir où on avait décidé de leur faire un bal à l’ancienne, ils sont restés danser, nostalgiques. Bam. Dix de moins. Pourquoi j’ai eu cette idée de soirée vieux, moi, hein ? Je comprends qu’ils m’en veuillent, ils pensent que c’est de ma faute, qu’à cause de la musique, le portier s’est oublié, qu’il s’est endormi, musique pour vieilles choses… Pas un n’a songé à goûter sa ration d’eau. Sauf le chien. Qu’a dormi tout le jour ensuite.

Chaque soir, un nouveau. L’hécatombe. Je croyais qu’on avait déjà vécu l’Armageddon ? La nature humaine fait que pour je ne sais quelle raison, l’un d’entre nous tue. Tous les jours. Deux êtres. Je ne sais qui fait cela. Mais j’ai juré sur la tête de ma mère que je trouverai ! Je veux savoir qui est l’enflure qui lui a ôté la vie ! J’y passerai mes journées, mes nuits s’il le faut ! Je mènerai l’enquête !

Et j’y ai passé du temps. Beaucoup de temps. Je n’ai pas trouvé. Nous ne sommes plus que deux, ce soir. L’erreur n’est plus possible. Chaque soir, depuis le meurtre de maman, j’élimine celui que je soupçonne être derrière tout ça. Chaque soir, j’égorge, à la manière de la brute, avec mon chandelier affuté, la bête. Chaque soir, il y a deux autres morts. Et maintenant, je sais. C’est lui. Cela ne peut être que lui.

Colonel Bastard, qu’il disait. Colonel… Ah oui, gendarme, dans le temps. Enquêteur. Brigade criminelle.

Et si… Et si, lui aussi, il menait l’enquête, à ma façon ?
Et si…
Si maman m’avait demandé de l’aider à crever ?

J’ai oublié…

23 mai 2011

Rose

Ça ne sent pas la rose… Elle le sait bien, que ça ne sent pas la rose ! De toute façon, ça ne sent JAMAIS la rose ! Il y a toujours un truc qui ne va pas, une odeur qui vient chambouler le bouquet, un micro fumet qui s’accroche aux pétales… Quelle idée elle a aussi, de cuisiner ! Non mais, on aura tout vu ! Elle ne doit utiliser que des aliments qui n’ont pas ou peu d’odeur. En fait, s’il pouvait ne se nourrir que de rien, il le ferait.

Mais elle, non, hors de question. Déjà, manger, elle aimait ça. Préparer aussi. Jouer sur les textures, sentir l’aliment se transformer, sous la lame déjà, puis sous la cuiller en bois, laisser mijoter, embaumer la maison, et le parfum s’ensauver en la rue, faisant gargouiller le ventre des passants, pressés d’emplir leurs panses lors de la pause déjeuner. Mais tout ça, c’était avant.

Mademoiselle s’était trouvé un époux, un homme qu’elle avait séduit par un de ses petits secrets, la confiture de rose. Une vapeur s’en étant allée titiller les narines d’un passant, passé, arrêté, stoppé net. Juste devant la fenêtre, devant la source. Il était resté tout le jour, n’avait pas bougé d’un pouce, humant, repu alors même qu’il n’avait rien avalé depuis la veille. Il souriait, niais.

Par la fenêtre arriva une tartine, suivie d’un bras, blanc, au bout un corps surmonté d’une tête, quelques pétales épars sur une chevelure dorée. Du visage il ne retint pas grand-chose, si ce n’était que sa confiture était une bénédiction. L’homme aimait les roses. Il l’épousa.

Les repas étaient source de conflit. S’il n’avait pu manger que des roses, que des mets à base d’icelles, il l’aurait fait. Mais il eut fallu pour cela que ce parfum discret puisse couvrir tous les autres. Il désespérait. Et mangeait peu. Ils avaient beau avoir beaucoup de fleurs, la confiture en nécessitait tant qu’il n’y en avait jamais assez. De plus, elle détruisait leur senteur avec ses préparations culinaires. Si le corps avait besoin d’autre chose que de fragrance pure, ça se saurait !

Surtout que les roses, ça ne fait pas grossir. Contrairement à ses plats. Il avait beau le lui dire, sa poitrine avait doublé de volume, son arrière train également et encore il ne parlait pas du ventre ! C’est qu’il aimait bien prendre possession de sa fleur… qui n’en avait que le nom, parce que question effluves, il ne voulait pas même en parler son odeur naturelle gâchait jusqu’à l’eau de rose dont elle s’enduisait.

Un jour, il la trouva particulièrement fatiguée, elle se plaignait d’avoir mal au dos et au ventre… Si elle ne mangeait pas autant, sa digestion serait plus aisée, et son poids ne ferait pas souffrir son dos ! Sur ces paroles, il retourna dans son jardin, prenant grand soin de ses bébés.

Quelques heures plus tard une odeur inconnue, entêtante, lui parvint de l’intérieur. Il fronça le nez, les sourcils avec. Tout sentait ainsi. Un goût de cuivre lui emplit les narines, il se précipita.

Un cri, le cœur au bord des lèvres. «  C’est immonde ! Cela pue ! »

Et sa femme, qui, fainéante, était allongée sur leur couche conjugale, bien sale, au passage, lui tendit un paquet remuant et puant.

Elle murmura « C’est votre fille », puis, la bouche ornée d’un sourire goguenard, elle ajouta « Elle se prénomme Rose. »