31 juillet 2013

"Gagner la guerre" de Jean-Philippe Jaworski

On m'en avait causé... "Gagner la guerre", de Jaworski... Ouais bon hein... Cet obscur titre doté d'un auteur au nom étrange a plus sonné comme un "Guerre et paix" revisité à mon oreille. Sachant que la première personne à m'en avoir parlé était du genre à dégoiser pendant des heures sur des sujets incertains... Ouais, de la pure branlette intellectuelle, ce gars. Bref, j'avais pas retenu...

Il y a peu, une amie m'a parlé de ce titre avec la mention "Je suis certaine que tu vas adorer". Autant parfois, je me méfie de ce genre d'avis, autant avec elle, j'ai eu confiance direct. Elle sait comment j'écris, je pense qu'elle sait aussi comment j'aimerais écrire... Et la petite note "c'est le "capitaine fromage" qui m'en avait parlé..." a terminé de me convaincre (oui, ce cher capitaine a un certain goût et un goût certain pour l'écriture, la bonne).

Aussi, lorsqu'un ami (Merci !) est allé aux Imaginales en me proposant (comme l'an passé où je me suis retrouvée avec un Mathieu Gaborit "Agone" et un Thomas Day "La maison aux fenêtres de papier" dédicacés) d'aller à la pêche aux dédicaces pour moi et que j'ai vu le nom de Jaworski dans les auteurs présents... J'ai sauté sur l'occasion.

L'ami l'a gardé en otage le temps de le lire... Précisant également que j'allais aimer...
 
Je l'ai reçu.
J'ai voulu le commencer, entre deux cartons.
J'ai arrêté.
À la deuxième page je me suis dit que ce livre méritait toute mon attention.
Que je n'avais pas le droit de le lire sans être réellement disponible.
Je l'ai rangé...
J'ai déménagé.
Je l'ai ressorti des cartons, en ai vidé quelques uns, puis me suis posée.

Putain, c'est bon !
Cet auteur me fait me sentir toute petite...
Il écrit avec la plume que j'aimerais posséder...
Il a des références certaines, ce qu'il avance est réel.
On ne s'improvise pas écrivain, nan...
J'ai encore bien des cours à prendre.

Ce qui devait arriver arriva. Je suis devenue groupie. J'suis foutue.

Et le pire, le pire est que l'auteur n'a encore que trois livres à son actif. Un recueil de nouvelles, "Janua Vera", traitant du même univers que le roman "Gagner la guerre", et la première branche, "Même pas mort", d'une trilogie à venir, "Roi du monde".

Il a aussi écrit deux jeux de rôles... "Te Deum pour un massacre" et "Tiers Âge".

Je n'ai lu que "Gagner la guerre", pour l'instant... Je suis tombée raide dingue de cette écriture. Des mots cherchés, soignés, un style bon, très bon, sans lourdeur... Mes yeux n'ont pas lâché les lignes, les phrases ont toutes été lues... Toutes.


Il n'est pas beau mon "Gagner la guerre" en édition limitée que même je l'avais commandé avant d'avoir fini de le lire en version poche ? Hmmmm ? (Le premier qui me dit "non"... je... je... Je l'invite à le lire pour arrêter de dire des conneries. Mais qu'il se l'offre, je ne m'en sépare pas ! Attention, je mords !)

Le seul défaut de l'opération, c'est que maintenant, j'en ai deux... (Et je n'en prête aucun... Parce qu'ils s'appellent "reviens", et même "pars pas" ! Manquerait plus qu'ils paument le chemin de ma bibli...)


Le défaut, disais-je, est d'en avoir deux et que je n'ai toujours pas "Janua Vera" ni "Même pas mort" !

Je fais comment pour satisfaire ma fringale de Jaworski, hein ? Je vous le demande, moi, m'sieur dames !
Si je m'écoutais, je ferais la manche...
À votre bon coeur !

...

Nan...

Je sais me tenir... Je vais être patiente. Douloureusement patiente... M'en offrir un dans le courant du mois... (Hein, oui, mon amour, hein) puis l'autre le mois prochain, pour amener tout ce beau monde se faire dédicacer à Lyon. Ouais. J'suis comme ça, moi.




Je vous fais chier et je ne vous dis même pas de quoi ça cause ? Normal, on s'en fout, c'est génial... Bon, je suis généreuse.


Benvenuto Gesufal est ce qu'on pourrait appeler l'homme de l'ombre du Podestat de la République (Leonide Ducatore) de Ciudalia.

Voici le début du livre :
"À peine le temps de me pencher au-dessus du bastingage : mon dernier repas, arrosé de piquette, a jailli hors de mes lèvres. Il a suivi une trajectoire fétide avant de se perdre dans l'écume et les vagues. Encore convulsé par les haut-le-coeur, j'ai essuyé les filaments baveux qui me poissaient le menton. Deux toises plus bas, l'océan se soulevait et bouillonnait, cinglé en cadence par les longues rangées de rames.
Je n'ai jamais aimé la mer.
Croyez-moi, les paltoquets qui se gargarisent sur la beauté des flots, ils n'ont jamais posé le pied sur une galère. La mer, ça secoue comme une rosse mal débourrée, ça crache et ça gifle comme une catin acariâtre, ça se soulève et ça retombe comme un tombereau sur une ornière; et c'est plus gras, c'est plus trouble et plus limoneux que le pot d'aisance de feu ma grand-maman. Beauté des horizons changeants et souffle du grand large ? Foutaises ! La mer, c'est votre cuite la plus calamiteuse, en pire et sans l'ivresse."

Oui, l'assassin de la guilde des chuchoteurs, le narrateur, commence son récit avec son mal de mer... C'est poétique, cette gerbe, on y verrait presque des fleurs !

Le personnage est un odieux salaud auquel on s'attache, à croire que Jaworski sait nous montrer les tares de ce fieffé menteur et arrive à nous les présenter comme autant de jolies choses... Ou presque.

À croire qu'il avait un couteau sous la gorge lorsqu'il a rédigé. Oui, l'auteur se targue de n'être qu'un scribouillard ayant écrit sous la dictée de notre héros ciudalien...

Qui croire ?

Dans le doute, si c'est vrai... je ne me permettrai pas de remettre en cause ces allégations.
Il fait flipper, le Benvenuto.









 

Mais pourquoi j'insiste avec ce bouquin ? Hein, pourquoi ?

Parce qu'il faut absolument (une obligation, c'est ça, vous me remercierez plus tard) que vous le lisiez, bordel de merde !

Si vous aimez l'écriture, si vous n'avez pas froid aux yeux... Courrez l'acheter, suppliez votre bibliothécaire de l'acquérir... Négociez pour vous le faire offrir !

Ce n'est qu'un bout d'avis, d'une groupie, si si, ma pomme.

Bref, "Gagner la guerre", c'est bon, mangez-en. À défaut, lisez-le.

Lire du Jaworski est, pour moi, la meilleure leçon d'humilité que je pouvais prendre.

Merci Monsieur.