Opale, toute première nouvelle... Oublié de l'afficher...
Eau-pâle,
un nom que celui qui devint son père lui a donné le jour où il l’a trouvée. Elle
n’a jamais su pourquoi, étant donné qu’il est décédé il y a peu, il lui sera
difficile de connaitre ses intentions. Aujourd’hui, c’est loin d’être son
principal souci.
Il
serait d’ailleurs bon qu’elle arrête de tergiverser et qu’elle se décide ;
doit-elle faire face à ses ennemis ou bien faut-il qu’elle s’enfuie ?
D’ailleurs si elle fuit, où fuir ? Doit-elle se rendre ? Non, cela ne
lui ressemble pas, non pas qu’elle se prenne pour une grande dame fière avec
des principes et tout ça, mais tout simplement parce que ce n’est pas dans son
tempérament que d’abandonner. D’après elle ses poursuivants sont moins d’une
dizaine, ce qui est déjà bien trop à son goût. Avancer plus loin, toujours plus
loin, prendre de l’avance, toujours quelques mètres de plus, voilà ce qu’elle
fait depuis deux jours. Deux longues journées et une nuit à marcher, à courir,
à essayer de mêler ses traces à celles d’animaux. Là, après cet arbre, un
ruisseau, elle pourra se désaltérer, à défaut de se sustenter. La jeune fille prend
garde à chacun de ses pas, mais se prend malgré tout le pied dans une racine et
s’étale de tout son long. Des larmes de rage et d’épuisement perlent à ses yeux.
Elle se relève et avance, les yeux brillants, un peu fiévreuse ; elle n’en
parait que plus farouche, volontaire. Elle ne s’est jamais aventurée aussi loin
sur les terres de chasse du Roy. – Prie Eau-pâle,
prie pour qu’il ne se joigne pas à la chasse folle dont tu es le gibier. – Elle
veut accélérer le rythme mais son pas se fait plus lourd ; sa vigilance
s’amoindrit quant aux traces qu’elle laisse. Elle ne sait plus dans quelle
direction aller ; elle s’arrête pour reprendre son souffle et tenter de se
repérer au milieu de cette forêt inconnue.
Une
branche craque derrière elle la faisant sursauter. Elle se retourne d’un geste et
a juste le temps d’apercevoir un blason jusqu’alors inconnu avant de se faire
assommer.
Eau-pâle
s’éveille, un réveil douloureux, sa tête la lance, le sang pulse à ses tempes. Ses
mains sont entravées, des cordages pénètrent ses poignets. Il fait très sombre,
elle avance un peu et atteint un mur. Celui d’un souterrain visiblement, au
touché de la pierre suintante, un cachot, elle s’en doutait au vu de la
noirceur de la nuit et de l’air vicié environnant. Elle aimerait vraiment
savoir ce que ces hommes lui veulent, ce qu’ils lui reprochent, ces hommes
étranges vêtus de noir, avec au coté une croix, rouge, décorée. – Regarde-toi, Eau-pâle, regarde cette peau
blafarde et tes cheveux couleur de feu, ils te prennent pour une renarde, une
sorcière. – Elle souffre à cause des liens, un gémissement étouffé lui
échappe. – Plains-toi en silence Eau-pâle.
– elle serre les dents. Une sensation de chaleur envahit ses poignets,
s’intensifie, mais reste supportable. Elle observe, pétrifiée, ses liens qui se
désagrègent petit à petit.
Elle
n’a pas le temps de se poser des questions, tout à l’heure – Tout à l’heure ? Depuis combien de temps
es tu là Eau-pâle ? – cela lui a valu de se faire prendre. Elle cherche,
à tâtons, une ouverture, une porte, mais rien. Elle ne perçoit aucune fissure,
pas un courant d’air, elle est bel et bien enfermée. La pièce mesure une
demi-douzaine de pas de long et autant de large. Eau-pâle se met à tapoter la
pierre, de plus en plus fort, cherchant un passage – A moins que tu ne sois emmurée vivante, Eau-pâle, emmurée vivante, tu
y as pensé ? – la panique entame sa montée, s’emparant d’elle petit à
petit, son pouls s’accélère tout d’abord, puis sa respiration, ses membres se
crispent et ses jambes se dérobent ; la sortie, trouver la sortie, elle
voudrait se mettre à hurler mais les dernières bribes de volonté qui lui restent
l’en empêchent, elle aspire à grandes goulées cet air fétide, elle veut de
l’air, elle... s’arrête net de bouger, son souffle reste coincé dans sa gorge, de
la lumière émane d’elle, pas une simple lumière non, une lumière chatoyante,
mouvante, aux couleurs changeantes, comme vivante – Tu es une sorcière Eau-pâle, ils avaient raison – Etrangement cette
pensée, loin de la paniquer, la rassure, cela expliquerait pourquoi des gens en
veulent à sa vie ; pourtant elle n’a jamais rien fait en ce sens là,
jamais dansé dans un cercle de fées ni même possédé de chat.
La
jeune fille ne ressent aucune douleur, la chaleur qui la nimbe est semblable à
celle qui entourait ses poignets tout à l’heure et a plutôt tendance à la
soulager. Elle inspire à fond, plusieurs fois – Du calme, surtout, du calme. Sois opportuniste, tu t’inquièteras de ta
condition plus tard. – Ses yeux remarquent un trou dans le mur, à ras du
sol, juste assez grand pour la laisser passer. Avant de le franchir elle se
retourne, et observe sa geôle, ce qu’elle prenait pour un lit de pierre
ressemble plutôt à un autel, des inscriptions, des runes y sont gravées, elle
ne connait pas leur signification. L’insolite lumière qui émane de sa personne éclaire
son chemin. Eau-pâle avance, au dessus d’elle la voute de pierre, bien que
haute, est oppressante ; elle marche durant des heures, puis s’arrête,
elle est repassée pour la énième fois devant la sortie de sa cellule et n’a
perçu ni ouverture, ni lumière. Elle s’assoit sur une pierre, quelques
instants, pour réfléchir à la situation. Des hommes au blason inconnu (ce
n’était ni celui du Roy ni un de ses alliés) l’ont prise en chasse lors de
l’enterrement de son père ; ils l’ont assommée et transportée ici, mais
dans quel but ? Que lui veulent-ils ? Cette cicatrice sur son bas
ventre a-t-elle un rapport avec son enfermement ? Un son, lointain la sort
de sa rêverie, il lui semble entendre des pas, déjà des questions s’entremêlent
en son esprit.
Bastien
guide son groupe du donjon à la chapelle, sans oublier de passer par l’immense salle
de banquet, riche de ses tables en ormeaux. Les visiteurs apprécient tous la
promenade sur les remparts ; l’agrément des récits de batailles ne faisant
qu’ajouter au plaisir de la vue. Ce château, perdu au milieu des montagnes, était
le centre de bien des conflits. Peu célèbre pour autant, la plupart de ces
combats n’ayant aucune source dans la politique. De plus, il est loin d’être
luxueux, les tentures et autres tapisseries qui attirent les touristes dans d’autres
forteresses lui font défaut. Certains ne viennent que pour cela, loin du faste
et des dorures des palais royaux, on observe ici la force brute et le mystère.
Ce château en déborde. C’est d’ailleurs ce que Bastien préfère dans son emploi ;
après leur avoir montré le château, il guidera les touristes dans les
sous-sols. Lieux de tous les mythes, prisons et salles de torture y jouxtent de
grandes réserves. On a déblayé un chemin menant à la surface, loin dans les
bois, pour sauver les seigneurs en cas de siège. Un petit ruisseau, à présent
asséché, traverse les souterrains et surtout, surtout ceux-ci ne sont pas finis
d’être explorés. Passionné d’histoire, le jeune homme a trouvé dans ce job, une
aubaine lui permettant de faire chaque jour de nouvelles découvertes.
« Par
ici messieurs-dames, suivez-moi, s’il vous plait » autant de phrases qu’il
répète machinalement, jour après jour ; ça et la tenue ridicule qu’il porte
– les guides sont vêtus à la façon de fous du Roi – sont les principaux défauts
de son travail. Mais aujourd’hui, lui qui rêvait de changement, va être
servi ; à peine arrivé dans les sous-sols il s’arrête net. Il y a de la
lumière, or cet après-midi, seul son groupe est censé visiter le château. Il
reprend la visite, expliquant à ses retraités, sur le ton de la confidence,
qu’un spectacle « sons et lumières » est en préparation et qu’il leur
demande donc, avec force clins d’yeux, la plus grande discrétion ; prudemment,
il les emmène loin de ce qui semble être sa source. Il l’observe du coin de
l’œil, sombre, aux reflets multicolores, telle une aurore boréale. A la fin de
la visite, il raccompagne son groupe à la sortie, puis retourne à l’intérieur,
plus motivé que jamais.
Eau-pâle
tend l’oreille, un seul homme parle, bien qu’ils lui semblent plus nombreux. Elle
en déduit qu’il est leur chef. Elle n’arrive pas à entendre ce qu’ils racontent
– Ils parlent de toi, Eau-pâle, de ce que
tu vas subir – elle tremble, malgré sa volonté de masquer sa peur. Et cette
faim qui la tenaille se fait de plus en plus sentir. Elle a incroyablement
faim, autant que si on l’avait laissée là plusieurs jours. Ils s’éloignent,
elle n’entend plus rien. « Revenez ! J’ai besoin de réponses !
Je veux savoir ! Revenez ! » Les mots restent bloqués sur ses
lèvres, son envie d’avoir des réponses se confrontant avec son angoisse de
l’avenir.
Elle
perçoit à nouveau un bruit, feutré, très léger, le son se rapproche, un pas
apparemment, un seul, enfin, elle discerne quelque chose. Une diablerie, sans
aucun doute ; une lumière mouvante, étincelante, qui semble sortir d’un
bâton. Plus elle s’avance plus la sienne diminue. Derrière, une forme
s’approche doucement, se faisant plus distincte ; un homme visiblement, vêtu
comme – Ridicule tu ne trouves pas
Eau-pâle ? – un bouffon.
Après
maintes déambulations, Bastien arrive à la source de lumière ; celle-ci s’est
amoindrie au fur et à mesure de son approche, comme pour le guider. Il découvre
une jeune femme d’une pâleur extrême, on devine ses veines à travers sa peau,
comme si elle n’avait jamais vu le soleil. Ses grands yeux sombres le fixent
sans faillir ; le jeune homme y perçoit la volonté de leur propriétaire,
avec, toutefois, une trace d’anxiété. Plus il les observe, moins il peut les
quitter, s’il s’y laisse aller, il s’y perdra ; de grands yeux noirs,
irisés de mille feux, semblables à la lumière qui l’a guidé jusqu’ici. Sa
chevelure rousse, accentue encore le caractère farouche de son regard. La jeune
femme porte une simple robe de lin. L’œil exercé de l’historien y reconnait une
facture du treizième ou quatorzième siècle.
Les
minutes passent, le silence se faisant de plus en plus lourd ; se raclant
la gorge, Bastien entame le dialogue ; « Qui êtes vous et que faites
vous ici mademoiselle ? » la demoiselle en question se relève d’un
bond « Pourquoi je suis ici ? Vous avez l’audace de me demander ce
que je fais ici alors que j’y suis enfermée depuis des jours ? » Le
jeune homme recule d’un pas, décontenancé par la violence de son ton.
« Des… des jours ?… Sortons, nous serons plus à même de dénouer cette
situation dans la clarté du soleil. » Ils avancent d’un pas tranquille Bastien
se présente à elle et apprend qu’elle se prénomme Opale. Le reste du trajet se
fait en silence ; le jeune homme est pris par des pensées ambigües. La
logique voudrait qu’il parle d’Eau-pâle à son patron, mais il est tombé sous le
charme de la demoiselle en détresse. Par chance, à cette heure il est seul au
château, il pourra donc la guider sans risque jusqu’à la chambre qu’il occupe
dans les anciennes écuries.
La
jeune fille est étonnée qu’un saltimbanque soit aussi libre d’aller et venir
dans le domaine du Roy. Arrivés au dehors, elle se rend compte qu’elle ne
connait aucunement ce lieu, ni le château, ni les montagnes ne lui évoque le
moindre souvenir, cette découverte lui arrache un frisson. Bastien l’entraine
jusqu’aux écuries où sont aménagées des appartements pour les employés ;
heureusement inoccupés en cette saison peu touristique. Toujours silencieux, il
l’assoit, lui fait couler un bain et lui prépare des vêtements propres.
« Je vais faire la cuisine pendant que vous vous réchaufferez. »
Bastien s’installe aux fourneaux pendant que la jeune fille prend son bain ;
elle est subjuguée, choquée par tout ce qu’elle découvre ; qu’elle n’est
plus dans sa contrée, qu’elle est entourée d’objets inconnus, que le jeune
homme serait magicien – l’eau lui obéit, ainsi que le feu –. Elle n’ose prononcer
un mot de peur de l’énerver, mais bien qu’effrayée, se sent étrangement en
sécurité à ses côtés. Elle enfile une tunique, un grand T-shirt en fait, et
s’assoit dans un fauteuil, face à la cheminée, elle s’y endort, épuisée,
quelque peu rassurée par la bienveillance du garçon. Sur ce le garçon en
question revient des assiettes dans les mains, il les pose sur une petite table
et apporte une couverture. Lorsqu’il recouvre la jeune fille, son œil est
attiré par un tatouage sur sa nuque, une croix aux branches de même longueur,
avec semble-t-il des fleurs de lys à ses extrémités ; il remarque aussi une
fine cicatrice à son coté droit et la recouvre vite avant de n’être plus
capable de la quitter des yeux.
Le
lendemain, Eau-pâle se réveille calme, l’atmosphère de la chambre du jeune
homme l’a apaisée, elle n’a toujours pas ses réponses mais s’apprête désormais
à affronter la réalité quelle qu’elle soit. Bastien est endormi sur le fauteuil
voisin, elle décide d’en profiter pour visiter le reste de l’appartement du
jeune homme. Ce reste se résume à une cuisine ; sa faim se réveille à la
vue de la nourriture posée sur la table, elle se sert généreusement un morceau
de pain – Du pain blanc, Eau-pâle, comme
chez Nicolas ! – et croque quelques fruits. Son appétit quelque peu
satisfait, elle retourne dans la chambre. Sa robe est en train de sécher,
pendue devant la cheminée ; sur le bureau, elle découvre une esquisse que Bastien
a effectué lorsqu’elle dormait ; il représente son tatouage, mais elle n’y
voit que le blason de ses agresseurs – Trahie
Eau-pâle, il t’a trahie, tu t’attendais à quoi ? –. Lorsque le jeune
homme se réveille, il la découvre penchée sur lui, tenant à la main le dessin
et le fixant d’un regard assassin. Il essaie de lui expliquer la provenance du
croquis et devant sa défiance, il lui montre sa nuque grâce à deux miroirs. Elle
reste coite un long moment, frottant machinalement le tatouage, comme pour
l’effacer.
« Je
crois qu’il va falloir qu’on parle, vous vous appelez Opale, mais encore ?
De quoi vous rappelez-vous exactement ? » Eau-pâle s’assoit au pied
du lit et commence d’une voix monocorde le plus long discours qu’elle ait
jamais fait ; « Je m’appelle Eau-pâle, je naquis à un moment
incertain entre 1399 et 1401. » Sceptique, et il y a de quoi, Bastien
l’écoute, se retenant de faire le moindre commentaire. « Je fus découverte
un matin par mon père adoptif qui me donna le nom d’Eau-pâle – je me demande
pourquoi d’ailleurs – dans ma quatrième ou cinquième année. Il m’éleva comme sa
fille, sa femme est décédée peu après mon adoption ; il restait enfermé
des heures durant dans son atelier, m’interdisant de le suivre disant que le
moindre courant d’air détruirait son œuvre, d’habitude seuls ses copistes
faisaient des œuvres. Un jour il hurla, un cri de joie et après il n’y est plus
jamais retourné. Il laissa ses employés gérer sa librairie et nous allâmes nous
installer dans sa résidence de campagne. Je tombai malade, et il me soigna. A
mon réveil, j’avais cette petite cicatrice ; dès lors, je ne fus plus
jamais malade. Notre vie passa, heureuse, je m’amusais au fond des bois, il
prenait le soleil sur la terrasse. Il se mit à vieillir très vite, trop vite à
mon goût ; je savais qu’il n’était déjà plus tout jeune lors de mon
adoption, mais je n’étais pas prête à le voir disparaitre. Dans les derniers
jours, il me parlait beaucoup de sa femme, Pernelle, disant qu’il allait la
rejoindre bientôt. Au printemps 1417, il mourut. A la fin de l’enterrement, je
remarquai un homme étranger au village qui me fixait, couvert d’une cape qui ne
laissait voir que ses yeux… un regard qui me fit frissonner. Observant
alentours j’eus l’impression d’être épiée de tous côtés et après un dernier
regard sur la sépulture de mon père, je fuis. Sans en avoir l’air tout d’abord,
mais dès que je me crus hors de portée, je couru. La traque dura deux jours au
terme desquels ils m’attrapèrent et m’assommèrent. Je rouvris les yeux sur un
autel, dans la cellule dont l’accès se situe là où vous me trouvâtes. »
Bastien
ne sait plus que dire, que croire, ni même que penser. Cette histoire lui
parait tellement invraisemblable que sa raison lui dit d’ignorer Eau-pâle,
d’appeler l’asile de la ville voisine pour savoir s’ils n’ont pas une fugitive,
pourtant les sentiments nouveaux qu’il éprouve lui donnent envie de donner
crédit à ce récit. Et puis il y a la croix, la fameuse croix. Sur le bureau,
elle ne l’a pas remarqué, mais il n’a pas que le dessin, il y a aussi un livre,
un livre spécialisé sur l’étude des ordres secrets, le péché mignon de Bastien.
D’après cet ouvrage, la croix appartiendrait à une branche de templiers. Alors
oui, Bastien sait bien que les templiers ont été dissous au quatorzième siècle,
mais cette croix correspondrait à un ordre espagnol, et puis des bruits courent
qu’ils n’auraient jamais tout à fait disparus... Il se penche vers la voyageuse
du temps « Il y a une autre question d’importance que je voulais vous
poser, d’où venait la lumière qui m’a guidée à vous ? » La jeune
fille ne sait que répondre, doit-elle lui dire qu’elle sortait de son
ventre ? – Il va te faire brûler
vive – Pourtant il a l’air si gentil, et puis… il est magicien aussi,
non ? – A toi de voir, Eau-pâle, à
toi de voir, mais ne vient pas te plaindre après, ils sont tous après toi, tous
à te vouloir du mal, toi la renarde, la sorcière, la fille du fou ! –
Eau-pâle se tient accroupie, la tête entre les mains « Assez !
Tais-toi ! Tais-toi ! Tu n’es pas de bon conseil, tu me rends
folle ! Toujours à vouloir me faire entrevoir le pire ! Hors de mon
corps, de mon cœur, de ma tête ! Vas-t-en ! Im-mé-dia-te-ment !
Sors de mon esprit ! » Les hurlements qui s’échappent de sa bouche
semblent irréels, d’une violence inhumaine, primale.
Bastien
veut s’approcher, pour la calmer, tenter de l’entourer de ses bras, mais elle
se met soudain à flamboyer ; une lumière, le même chatoiement que celui
dans le souterrain nimbe la jeune fille. Elle se lève, deux pas au dessus du
sol, droite, la tête regardant le plafond, les paumes tournées vers le sol, sa
chevelure crépite, ses cheveux volent autour de son visage. De son ventre,
juste à l’endroit de la cicatrice, l’éclat se fait plus fort, le T-shirt
qu’elle porte se désagrège et elle se tourne vers lui, nue, magnifique dans ce
tournoiement de couleurs, débordante d’énergie. Elle le fixe de ses yeux, noirs
avec les reflets de l’Opale, des yeux dans lesquels il peut lire l’étonnement
et la peur. La peau se tend sous la cicatrice, comme si quelque chose voulait en
sortir, Bastien y devine un objet de la taille d’une bille. Il est subjugué,
par la beauté de la jeune fille, par la puissance qui émane d’elle. Il aimerait
bien s’approcher, mais la chaleur se fait trop intense, telle une sphère autour
d’elle, des flammes s’apprêtent à lécher les murs. Il ne peut pourtant pas se
résoudre à la laisser faire. Il remarque le lustre en bois, juste au dessus
d’elle et se précipite sur sa corde qu’il détache. Celui-ci dégringole et elle
s’effondre net, assommée.
Il
pousse le lustre, porte l’évanouie sur son lit et l’attache aux montants, en
croix justement, les poignets comme les chevilles. Le feu n’a pris nulle part
encore, et dès lors qu’elle se trouve inconsciente, les flammes disparaissent.
Il court à la cuisine, fait chauffer de l’eau, affûte un couteau, prépare une
aiguille, stérilise le tout dans la casserole bouillonnante. Il prend des
linges propres ainsi qu’une bouteille d’alcool. Il retourne dans sa chambre,
installe son équipement à côté de son lit, arrache un des longs cheveux d’Eau-pâle
qu’il passe dans le chas de l’aiguille puis inspire profondément. « Le
plus vite sera le mieux », il fait couler de l’alcool sur la cicatrice de
la jeune fille et, d’un mouvement vif et précis, lui entaille la peau. Il
retire une pierre, semblable à une Opale, et entreprend d’étancher le sang tout
en recousant la plaie, heureusement ni grande ni profonde. Il lui fait un
pansement, lui verse une rasade d’alcool dans la bouche et se sert lui-même
généreusement. Bastien écarte ses instruments du lit, la recouvre, mais la
laisse attachée « On ne sait jamais ». Ses yeux tombent alors sur son
couteau, dont la lame jusqu’alors en inox, s’est transformée en or.
Sans
ménagement aucun, il secoue la jeune fille et lui demande « Le nom de ton
père, dis-moi le nom de ton père ! » Dans un souffle, gémissante,
l’obligeant à se pencher au dessus d’elle, Opale lui répond « Flamel,
Nicolas Flamel ».
29 commentaires:
Je dois répéter que j'aime cette histoire?
Si mes souvenirs sont bons, c'est lorsque tu me l'as envoyée que j'ai cherché le forum littéraire où tu sévissais pour en lire plus, et me suis inscrite et...
Tes souvenirs sont bons... Et maintenant, tu animes le JPH avec notre ami Toby :)
Alors, tout est de ma faute... J'assume !
encore !!!!!!!
Il a raison l'anonyme. Faut faire une suite à cette histoire, elle est trop belle que pour être laissée en l'état !!
(et oui t'assumes pasque tu m'aimes bien, je le sais. Mais tu devrais écrire plus, c'est dommage de devoir attendre autant chaque fois. J'aime te lire moi)
Mais ce texte a deux ans ou presque ! Écrire une suite maintenant... Je ne l'ai même pas relu !
Resterez sur votre faim, na !
:cry:
Mais euh!
C'est vraiment trop inzuste :calimero:
pffff t tjs aussi chiante en fait ^^
J'l'aime bien l'anonyme moi, il est lucide...
Allez quoi, on est au moins trois à te le demander !
Et puis tu peux pas laisser Eau-pâle dans cet état, à peine recousue, dans l'appart' d'un historien qui ne sait à mon avis pas encore que faire d'elle?
Et la pierre philosophale dans tout ça ?
Non non, moi j'dis, tu peux pas.
P'is sinon, je viens récupérer mon colis.
Oui, suis chiante, je le sais, merci ! ^^
Et c'est vrai, Chrys, tu viendrais ? Vais pas écrire alors...
J'ai l'impression de flotter dans la 4è dimension.
Il y a longtemps que je pense à écrire une histoire moyen-âgeuse avec paradoxe temporel dont les deux héroïnes (étroitement liées) sont une jeune femme et une opale - la pierre - dont l'aura maléfique détermine le dénouement.
Yunette m'a grillé.
Bien fait pour moi, j'avais qu'à écrire au lieu de dessiner.
Inutile de dire que j'accorde un satisfecit à ce texte.
Bon, on est quatre.
T'attends quoi pour écrire la suite ?
:mrgreen:
Ha ha, On fait la sourde oreille, hein ?
Hein ?
Hein ?
Nan ! C'est même pas vrai, c'est que j'écris des trucs en ce moment, parait que j'ai un point de vue n°3 à pondre, tout ça... et qu'aussi, j'ai fait le JPH, et que je vais chez MDA faire le jeu et que...
J'ai pas d'idéééééééééeuh !
Alors ? on m'en donne ?
Je ne suis qu'un pauvre castor inculte.
C'est une chose de mettre des commentaires débiles sur un texte, et c'en est une autre d'écrire des belles histoires comme vous autres, les écrivains.
écrits vains, écrits vains, t'en foutrais des écrits vains !
Et moi, j'adooooore les commentaires ! Même les débiles ! Surtout les débiles !
N'hésite pas, petite bestiole !
Tu m'as donné des idées pour le métamorphe? Hein? Hein?
Alors pourquoi je t'en donnerais moi?
Et le castor, il est là au moins pour remonter le moral des troupes, ce qui est une tâche très importante (indispensable même)
Par contre... écrivain... nan, le mot il va pas pour moi.
S'il n'y avait que pour toi...
Moi je dis, nous sommes des écrits veinardes, parfois, les mots veulent bien se mettre d'une façon que ça fait du beau et que c'est sympa à lire...
Et là, on est des veinardes... sinon, c'est vain... C'est en vain qu'on se balade les doigts sur le clavier en scotchant une page au trois quarts blanche...
Si vous n'êtes pas des écrivains, alors moi je ne suis pas un dessinateur.
Du moment que je suis un castor et que je persifle, hein...
Mais castor duastor tiller ?
Mais qu'a ce tordu à se tortiller ?
Mes jeux de mots sont tellement abstrus, quelquefois, que je me sens obligé de les décoder.
Si on m'en sortait un comme ça, je ressemblerais à une chouette à qui on tente de vendre une gaufre.
Hé, tu crois qu'on n'avait pas compris ?
C'est pas parce qu'on écrit vainement qu'on ne comprend pas ^^
(j'avoue, j'ai scotché un moment... en fait, faut les lire vite, puis moins vite, puis revite... enfin, plein de fois, et d'un coup, d'un seul, on comprend.)
lapinicho, loinichba, libounichnioniba, dimoioulibounich. Oulibounichtil?
Excellent. Ça vaut largement le coup de la chouette à qui on fait une niche.
(Ça existe encore, cette expression : faire une niche ?!?)
Une chouette ? T'as vu jouer ça où ?
(Faire sa niche, non ? Les oiseaux nichent ? Enfin, je crois...)
Nan, faire une niche : jouer un tour, faire une farce.
Je ne connais pas... je connais faire la nique, nanananèreuh, mais une niche, nan...
Une seule page sur Google y fait allusion : http://www.mediadico.com/dictionnaire/definition/niche/1
niche : petite farce, espièglerie.
Effectivement, l'expression a tendance à disparaître.
Une seule page ? Tu dois avoir une curieuse façon de faire tes recherches ^^
Si tu fais, dans google : " niche farce "
Tu as bien plus de références ;)
Y a pas que l'expression qui a tendance à disparaître. Mes neurones aussi, j'en ai peur. Mais c'est à force de consulter Gogol, aussi !
Il a bon dos, non ?
Bon, je me marre, c'est pas très charitable de ma part...
D'un autre côté...
Qui a dit que j'étais charitable ?
Moi j'le dis pas, puisque c'est pô vrai...
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