21 décembre 2008

Un, deux et trois

Un, c’est toi, toi qui fis des conneries, qui fus enfermé pour ne pas avoir voulu jouer la balance. Une longue absence. Mais vous étiez déjà séparés.

Deux, ce fut un amour, passionnel, qu’elle vécut à fond. Mais Deux, il savait, lui, il savait que malgré cette passion débordante, au fond d’elle, elle aimait Un. Chaque semaine, elle allait au parloir, chaque semaine elle revenait en larmes. Alors il avait compris ce qu’elle ne pouvait (voulait ?) voir. Comme ils n’étaient pas d’accord sur tout malgré leur passion, il est parti. Non sans lui avoir dit au revoir. Amoureusement, langoureusement, et sans les précautions d’usage. No comment.

Deux parti, elle s’est retrouvée seule, mélancolique, malheureuse, très. Trois est arrivé. Trois a été un ami, sensible, sans gestes déplacés. Aucun. Au bout d’une semaine de gentillesses et d’attention, un soir, le soir de la mort de Brassens, ils ont mêlé leurs pieds. Rien qu’une fois.

Un, tu es revenu, tu as repris tes marques, enfin… chacun chez soi, mais ensemble tout de même. Quelques semaines plus tard. Verdict. Enceinte. Pas de toi, mais tu te plais à le croire. La môme est née. Accouchement à la maison, t’as joué le docteur, bien, pis t’es parti te remettre de tes émotions, en boite.

Là on se dit, mais Deux et Trois ?

Deux, c’est un ami. Et il reste correct, ne se mêle pas de votre trio. Mais Trois, Trois il aimerait bien, qu’on lui dise qu’elle est de lui. Il aimerait ça lui, un enfant, et la mère avec ! Mais Deux et leurs amis lui disent de ne pas insister. Alors il se fait tout petit, dans l’ombre. Toi, Un, tu le dénigres, faudrait pas que la gamine sache. Tu veux son amour pour toi tout seul, jalousement, d’ailleurs, s’il n’y avait que toi elle ne saurait pas pour Deux et Trois.

Un soir, la môme, sachant sans vraiment savoir, elle a demandé à sa mère, dis, Un, c’est mon père ? Et la mère, un peu, beaucoup, hyper gênée dut lui répondre que ce n’était pas le cas. La gamine adorait Deux, d’ailleurs le père de sa meilleure amie (sa sœur ?), par contre, elle connaissait Trois, rien qu’un peu. Le lendemain de cette interrogation, tu es allée la reconnaitre. Ce n’était pas fait encore et elle allait avoir huit ans. Elle s’est découvert des grands parents, une paire.

Adolescente, elle s’est rapprochée de Deux. Tu t’es fâché avec lui. Elle l’a moins revu, pourtant, elle aurait aimé que ce soit lui. Il n’y a pas si longtemps. Elle a ouvert les yeux. Les ressemblances, les cheveux, les yeux. Tout le monde s’accorde à le dire. C’est Trois son père. Toi-même tu l’as dit. Oh, pas à la môme, mais à la mère.

Elle a vu Trois, tu le sais sans doute. Il n’a pas su garder ça pour lui. Des gens lui en parlent à la gamine qui n’en est plus une. Ça s’est bien passé cette rencontre. 


Alors, moi, moi qui suis la môme, moi qui ai eu trois pères. Je voulais te dire, que malgré tes maladresses, ton manque de psychologie, parfois, souvent. Je t’aime, Papa. Et s’il ne doit y en avoir qu’un, ce sera toi, parce que malgré le sang qui ne nous unit pas, tu ne m’as jamais regardée comme la fille de l’autre, mais la tienne.

Aucun commentaire: