7 septembre 2008

Spéléo



Deux silhouettes parmi les ombres,

- On est où là ?

- Je sais pas, j’ai peur ! Allume la lumière, allez s’il te plait, allume, t’es pas drôle !

- Nan mais t’es vraiment une chochotte, dès qu’il fait un peu noir tu te mets à trembler. Allez tiens, prends-la ta lampe, et arrête de pleurnicher.

Un faible faisceau traverse la pénombre qui a envahit la grotte. Les deux explorateurs se rapprochent l’un de l’autre, la présence de la lumière faisant paraitre les parois plus lointaines encore. Un battement d’ailes, loin au dessus d’eux les fait sursauter ; Martine est prise d’un rire nerveux dont le son se répercute, faisant écho au loin. Jacques s’énerve

- Ca va pas de rire comme ça ? lui souffle-t-il à l’oreille, Tu risques de nous faire repérer !

- Désolée, vraiment, je sais pas c’qui m’a pris. chuchote-t-elle, confuse.

Elle étouffe son rire, reprend son souffle, glisse sa main dans celle de son frère et le prie d’avancer

- Mais doucement hein ? J’ai pas envie de tomber.

- T’inquiètes pas va, je sais ce que je fais.

Ils s’avancent précautionneusement, Jacques avance d’un pas sûr, malgré sa sœur accrochée à lui. Le pied de Martine glisse sur une pierre, elle perd prise, entrainée immanquablement vers l’arrière ; elle pousse un cri strident tandis que son frère la rattrape d’une main, se raccrochant à la paroi de l’autre. Elle se love dans ses bras, le cœur battant à tout rompre.

- C’est bon, c’est fini, dit-il, lui tapotant le dos. On avance, regarde la lumière là bas.

- Je voulais pas crier, je voulais pas hein, je… je…

- C’est bon je t’ai dit, mais n’vas pas tomber, il n’a pas de fond ce gouffre hein, tu t’en souviens ?

- Oui, tu m’as dit qu’on était dans une grotte infestée de chauves-souris-vampires-géantes et que le chemin, et ben, il est tout petit et que si je tombe j’atterrirais jamais au fond, et que… et que…

- T’as fini ? On peut y aller, ou tu comptes nous refaire le descriptif en entier ?

Se le tenant pour dit, elle reste coite, éclairant le chemin qui les mène à la sortie. Le bruissement semble s’accentuer, les battements s’approchent de ses oreilles, elle accélère le pas, paniquée. Après quelques tours et détours, ils atteignent une porte. La lumière perce à travers. Elle se jette sur la poignée, mais la porte est fermée, verrouillée. Jacques ricane ; levant sa lampe Martine aperçoit l’éclat de la clef dans la main de son frère.

- C’est pas drôle, allez ouvre, s’il-te-plait…

Devant son ton suppliant, sentant les larmes dans sa voix tremblotante, Jacques capitule et introduit la clef sans la serrure ; il aime bien l’enquiquiner, mais fond à la moindre de ses larmes.

La porte s’ouvre laissant pénétrer un rayon de soleil dans la grange de Grand-Pa, éclairant çà et là la grotte, un amas de métaux, de bottes de paille et de tissus. Tout là haut, près des fenêtres de plexiglas tendues de toile de jute, les chauves-souris roucoulent.

Martine sort, courant vers la lumière, les yeux encore humides et se retourne vers son aîné, un grand sourire aux lèvres

- Dis, demain, on pourra jouer à la poupée ?

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