14 septembre 2009

Bouc à book

D’habitude, je passe à droite. D’habitude. Je t’en avais déjà fait part, non ? Aujourd’hui, j’ai voulu tenter à gauche. Ce n’est pas que j’ai voulu en fait. C’est surtout qu’à droite, à droite, je ne pouvais pas. Sur le trottoir de droite, aujourd’hui, il y avait une échelle. Pas posée par terre, non. Une échelle qui prenait pied dans le caniveau pour aller se coller au mur, de droite, le mur. Et puis, comme on dit toujours, je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur. Mais dans le doute, j’ai traversé et je suis passé à gauche.

Comment c’est à gauche ? Et bien, à gauche, pour tout te dire, cher lit de mes maux, ça ressemble fortement à la droite. Sauf que… Il faut bien qu’il y ait un truc qui change, sauf que, à gauche, et bien tout est à gauche. Même mon pied, dans la grosse déjection puante due au sixième gauche. Ça porte bonheur, il parait. Mais par Dieu, qu’est ce que ça chlingue ! Pardonne mes écarts, journal de mon cœur, je me lâche ce soir.

Quelqu’un peut il m’expliquer pourquoi au vingt deuxième siècle après la grande décade, les gens s’acharnent à avoir des animaux de compagnie ? Enfin quelqu’un… Tu pourrais toi ? Parce que moi, je ne comprends pas. Avant, dans l’ancien monde, encore, on pouvait comprendre, un chien, un chat, ça passait tout seul ce genre de choses. Mais là… se promener avec un snurfle… Cette espèce de bestiole verdâtre, poilue je t’explique pas comment qui dégage une odeur telle qu’un bouc - un animal à corne qui date d’avant - dont on disait qu’il puait - serait jaloux.

Enfin voilà. Tout ça pour te dire que même si ça porte chance, du pied gauche, j’espère bien que demain, il n’y aura plus d’échelle. Parce que bon, je préfère à droite. Et, je te vois venir. T’es censé être simplement là pour recueillir mes écrits toi, pas pour émettre des hypothèses. Et dire que j’ai préféré un cahier à l’ancienne plutôt qu’une unité mémorielle… Tout ça pour quoi ? Pour finir par m’adresser à toi… Cherche l’erreur ! Non, l’erreur ce n’est pas moi. Ou alors il ne faut pas le dire.

Donc, non, je n’irai pas dire au maitre de ramasser la crotte. T’as déjà vu à quoi ça ressemble un snurfle ? Adulte, j’entends. Non, plus que ça. Rajoute un mètre en fait. Oui, oui, tout ça. Ce qui veut dire que même si le maitre est sympa, il n’est pas dit que la bête le soit. Et, non, je ne tiens pas à le vérifier. Peur ? Peut être. Sûrement même. Ne me demande pas comment j’ai fait pour ne pas voir, pas même avec ce regard, non. Je regardais l’échelle…

Il y avait un mec qui repeignait le mur, mais au pinceau… Non, personne pour lui dire de s’y tenir, personne pour enlever l’échelle non plus. Je me demandais s’il savait que l’immeuble devait être repeint. Et c’est là que je me suis senti comme arrêté par un truc collant, spongieux et malodorant qui m’englobait le pied. Non, je n’arrête pas de te parler !

Allez, bonne nuit. Je te laisse dormir mon scribouillard, ma perle rare, de nos jours, des gens qui écrivent le terrien, il en reste peu. Retourne dans ton caisson, tu ressortiras quand il faudra reprendre la rédaction. Vraiment, je préfère le cahier à l’emmagasineur de séquences mémorielles, c’est bien plus vivant. Ne réponds pas, sans ta langue, tu auras du mal.

Demain, je reprends mes habitudes. Et puis tant pis si ça porte malheur.

5 commentaires:

Lunatik a dit…

Je veux un snurfle à Noël !

Yunette a dit…

Euh, si je trouve ça, je te l'offre...

Anonyme a dit…

Alors ça j'aime beaucup beaucoup. le style, le rythme, l'humour... tout.
Tata momo

Castor tillon a dit…

Faut quand même être distrait pour marcher dans le caca d'un snurfle qui mesure ... mètre(s). A moins qu'il n'ait la déripette, et dans ce cas ça s'étale au ras du sol. Mais ce n'est pas le sujet. La cruelle fin est bien trouvée, et l'humour cimente le tout efficacement.

Yunette a dit…

Hé, il le dit lui même hein qu'il aurait dû la voir, la crotte... et puis au moins, la sentir ! Il était distrait, très.
Merci :)