8 novembre 2010

Aujourd'hui.

C’est la première fois que je ne suis pas triste quand elle part. Pourtant auparavant, chaque fois que je l’observais s’éloigner de moi, je subissais cette déchirure que seuls les amoureux connaissent. Quelques pas loin de moi et je crevais d’envie de l’aller retrouver, de la serrer contre moi, tout contre. Je ne cédais pas. Et si son envie d’être avec moi était moins grande que la mienne ? Si elle désirait un peu d’espace ?

Je n’avais pas le droit de l’emprisonner, de l’empêcher de vivre ainsi qu’elle le souhaitait. Non, je n’avais pas le droit. Je me devais de me plier à ses désirs, tous. Sans exception. Aucune. Je lui appartenais, elle était ma vie, toute ma vie. Tout ce qui lui donnait une saveur, une douceur. Un goût que je n’aurais échangé pour rien au monde. Le goût de vivre.

Je ne vivais que pour ces instants passés avec elle. Ces quelques heures qu’elle m’accordait. Ce moment à nul autre semblable qu’elle m’offrait. Qu’elle daignait m’offrir. Et son regard posé sur moi. Qui me transperçait le cœur. Et l’âme. Un regard et j’étais à ses pieds. Lichant le parquet pour qu’il ne la salisse pas. Me couchant dans les flaques pour qu’elles ne la souillent pas. Une image. Oui, c’est une image, bien sûr. Rien qu’une image, bien sûr… Ou pas.

Elle me le demanderait que je le ferais. Ses désirs sont des ordres. Ses désirs font désordre. Quand on la voit danser dans la rue dans sa robe rouge, montrant ses jolies jambes. Je la dévore des yeux. Et je surveille. Farouchement. J’aime qu’on la regarde, conscient de sa beauté. J’aime bien. Mais pas trop ! Elle est mienne ! Encore un peu. Nul n’a le droit de la toucher, de l’embrasser. Nul sinon moi. Elle n’a que mes bras pour la consoler, pour l’étreindre.

Personne. Jamais. J’adorerais. Mais il faut. Il faut que je la laisse vivre cette expérience. Cela fait des mois que je songe à cet instant. Des mois que je sais qu’il le faudra. Qu’il est important que je lui montre que j’ai confiance. En elle. En eux. Ceux qui vont passer tant de temps avec elle. Alors que moi, moi, pauvre hère, j’errerai. En attendant son retour. Je devrai m’empêcher de l’aller guetter. De l’espionner. Elle ne le souffrirait pas.

Ou elle en souffrirait. Peut être verrait-elle cela comme un manque de confiance en elle. Je ne dois pas l’espionner. Et puis, j’ai rencontré l’équipe. Ceux qui seront à ses côtés, les chanceux. Je les ai rencontrés, dévisagés. Soupesé chacun de leurs mots, de leurs gestes. Leurs regards même. Et j’ai décidé d’essayer. Je vais leur confier ma vie. Mon goût, ma vue et mon toucher. Celle qui m’a fait découvrir l’odeur des fleurs.

Ma fille. C’est la rentrée.

8 commentaires:

Castor tillon a dit…

"lichant le parquet" : j'adore l'expression ! dans son sens Québécois, bien sûr. Quand j'étais petit, ma grand-mère l'utilisait plutôt dans le sens de siroter.

Tu m'as réveillé des vieilles nostalgies, là... Quand je voyais ma petite vermine partir seule vers son destin,avec son petit cartable...

Yunette a dit…

Ma dernière n'a pas trois ans encore... Et adore l'école.

Une lichée d'alcool ?

Castor tillon a dit…

Bon, mais juste pour désinfecter l'bec, ciboire !

Chrysopale a dit…

On parle de lichées d'alcool? Qu'est-ce qu'on boit?

Castor tillon a dit…

Demande à Yu. C'est elle la personne à sobriété différée.

Elle a dit :
"Ma dernière n'a pas trois ans encore... Et j'adore l'alcool."

Yunette a dit…

Je me suis demandée un instant oùsqu'c'était que j'avais dit ça...

Vous voulez quoi à boire ?

Castor tillon a dit…

Café pour moi.
Chryso, chais pas. Martini gin ? Vodka ? Skye ? Les trois en même temps ?
Moi, chuis un Castor vertueux.

Chrysopale a dit…

La bière étant dorénavant interdite... vodka, merci.