26 septembre 2011

Ils...

Ils arrivèrent. À nos portes, juste là, derrière, je les entendais qui reniflaient à travers la porte, ils me sentaient, je le savais. Ma sueur acre que la peur rendait palpable. Elle était partout, la peur, pas seulement la mienne. Tous, nous étions pétrifiés, terrorisés, chaque regard suintant l’appréhension des souffrances à venir, chaque œil reflétant le cauchemar que nous vivions.

Trop calme.

Les nourrissons ne pleuraient pas, les enfants ne jouaient plus, ils avaient oublié comment faire, ce que c’était que l’insouciance, ce que c’était que d’être jeune, sans attache, sans responsabilité. Comment auraient-ils pu faire autrement ? Vivre était une richesse, déjà, rester en vie sans dormir la nuit. La lune était témoin des ombres menaçantes, des griffures sur nos murs, des tentatives d’approche.

Bientôt.

Bientôt, ils nous déborderaient, entreraient, et nous tueraient, tous.
Un par un, tous à la fois. Tous, en tous les cas.
Bientôt. Très bientôt.

Ce soir.

Ils sont entrés, nous ne nous sommes pas débattus. À quoi bon ? Nous savions déjà quel serait le dénouement de la bataille. Nos réserves sont épuisées, nos corps sont las de cette guerre dont nous connaissons les vainqueurs.

Ils sont là.

Nos frères et sœurs, nos parents, nos amis, ceux qui furent nos voisins, nos enfants. Ils sont tous là, nous souriant de leurs crocs acérés, nous tendant leurs mains griffues pour une ultime embrassade, un dernier baiser. Nous nous blottissons contre eux, incapables de lutter encore, offrande à nos amours.

Morts.

Nous avançons avec eux désormais, vers une autre forteresse, un autre bidonville où survivent les humains. Nos cousins. Ils nous rejoindrons, quand bien même ils ne le savent pas encore, quand bien même ils ne l’acceptent pas déjà. Ils mourront, tous, puis ils se relèveront pour avancer, encore, avec nous.

Virus.

La folie s’est emparée des hommes, cela fait quelques mois, une nouvelle maladie, un dérivé de la grippe, encore. Les chercheurs n’ont pas compris qu’ils ne pourraient rien y faire, que cette souche évoluerait chaque fois qu’ils la modifieraient. Non. Ou ils n’ont pas voulu comprendre, aveuglés par ce virus qui leur résistait toujours. Ils ont trouvé l’arme ultime, ils ont trouvé comment tuer, anéantir cette chose.

Ils le croyaient.

Les vaccins furent distribués, la grippe faisait rage. Les vaccins furent efficaces. Très. Trop. Le virus et leurs porteurs furent si bien soignés qu’ils tombèrent tous, comme des mouches. Pour mieux se relever ensuite…

Toujours contagieux.

Nous sommes la folie de l’homme, nous sommes sa fin. Nous sommes sa création, sa créature. L’homme a fait de nous ce que nous sommes. Nous faisons de lui ce qu’il a fait.

À jamais.

3 commentaires:

GroBe a dit…

superbe phrase de cloture..... ca donne vraiment foi en l'humanité !

Castor tillon a dit…

Comme quoi on ne peut pas penser à tout. Ces savants sont vraiment des ânes. Avec eux, plus besoin de guerres pour anéantir l'humanité.
Dans les deux sens, l'humanité.

Yunette a dit…

L'homme est un loup pour l'homme... Et encore, le loup est juste et ne tue que le faible...